Avant même d’être actée, la possibilité de sanctionner financièrement les parents d’élèves violents a fait des vagues au sein même de la majorité. Sans surprise, le fil Twitter s’est emballé. « Vieille lubie », y a réagi Hugues Renson, député LRM de Paris et vice-président de l’Assemblée nationale. « Cette mesure n’a jamais apporté la preuve de son efficacité. Dans une famille comme ailleurs, on règle rarement des difficultés en ajoutant des difficultés », a-t-il posté le 10 janvier.

Aurélien Taché, député LRM du Val-d’Oise, a, lui, dénoncé « une double peine insupportable » : « Comment imaginer une seconde qu’une famille dépassée par un adolescent violent pourra mieux y faire face une fois privée de ces allocations ? », questionne l’ex-conseiller logement sous la gauche.

« Grigri politicien »

Guillaume Chiche, député LRM des Deux-Sèvres, voit quant à lui dans la suppression des allocations familiales une « menace à la précarisation ». « Poursuivre dans ce sens, ce serait prendre le risque de fracturer la majorité, et la situation politique actuelle ne le permet pas », assure une députée qui a requis l’anonymat, sûre que « l’option de l’amende » devrait l’emporter sur celle d’une « coupe » des allocations.

Sur le terrain de l’école, sans surprise, les parents d’élèves de la FCPE s’émeuvent d’une « mesure anti-pauvres ». La critique ne porte pas que sur le « fond », c’est aussi l’efficacité de la méthode qui est mise en cause, car plus de trois millions de foyers qui n’ont qu’un seul enfant ne touchent pas les allocations. Du côté du syndicat d’enseignants SE-UNSA, on réclame des « mesures sur le climat scolaire ou la coéducation plutôt que (…) ce grigri politicien ».

Face à cette vague de désapprobation, le projet s’est trouvé un défenseur actif : le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. Par voie de communiqué, lui s’est félicité que « le ministre de l’éducation semble vouloir s’inspirer de [sa] loi abrogée de façon démagogique par les socialistes [en 2013] et qui permettait, écrit-il, de supprimer les allocations aux parents d’élèves absentéistes », écrit-il. Son bilan ? Plus de 79 000 signalements avaient été faits en 2011-2012, les deux tiers donnant lieu à un avertissement, 619 à des suspensions d’allocations. 142 allocations avaient été restituées lorsque l’élève était revenu à l’école.