Un magasin Huawei à Pékin, photographié le 4 juillet 2018. / Mark Schiefelbein / AP

Après l’arrestation, ce samedi 12 janvier, de l’un de ses employés travaillant en Pologne, que les autorités polonaises soupçonnent d’espionnage, l’entreprise chinoise de télécommunications Huawei a annoncé avoir licencié son employé. Le groupe a expliqué avoir « décidé de mettre fin immédiatement à son contrat avec Wang Weijing », qui travaille sur le territoire polonais, parce que « cet incident a eu des effets néfastes sur la réputation mondiale de Huawei ».

« Huawei a toujours respecté les lois et les réglementations en vigueur dans le pays où il se trouve (…) et requiert de tous ses employés le respect des lois et réglementations du pays », a ajouté le groupe chinois dans son communiqué, affirmant que Wang Weijing a été arrêté pour des « raisons personnelles », sans autres précisions.

« Un Polonais et un Chinois ont été arrêtés sous l’accusation d’espionnage. Le Chinois est un homme d’affaires travaillant pour un important groupe d’électronique », avait annoncé vendredi l’adjoint au ministre polonais chargé de coordonner les services de renseignement Maciej Wasik. Interpellées mardi, ces deux personnes sont soupçonnées d’avoir agi « pour le compte des services chinois et au détriment de la Pologne », avait de son côté précisé Stanislaw Zaryn, le porte-parole du ministre.

Le Polonais, « Piotr D. » selon la télévision publique polonaise, était un conseiller de la filiale polonaise du groupe français de télécommunications Orange. Il s’agirait de Piotr Durbajlo, qui fut sous-directeur du département de la sécurité de l’information de l’Agence de sécurité intérieure, le contre-espionnage polonais, jusqu’en 2011.

Les soupçons occidentaux sur Huawei

Fondée par un ancien ingénieur de l’armée chinoise, cette compagnie a déjà été mise à l’index pour des soupçons d’espionnage dans plusieurs pays dont les Etats-Unis, l’Australie et le Japon, qui lui ont interdit de bâtir un réseau d’internet ultrarapide, la 5G.

Le Wall Street Journal avait révélé fin novembre 2018 que les Etats-Unis ont lancé une importante campagne de sensibilisation auprès de leurs alliés sur le danger potentiel de confier la gestion d’infrastructures au géant chinois, pointant le risque de cyberespionnage et d’être à la merci de Pékin en cas de crise diplomatique. Même si aucun de ces cas n’a jamais émergé jusqu’à présent et que l’entreprise chinoise est bâtie sur des capitaux privés, le contrôle de l’Etat s’est graduellement renforcé ces dernières années, notamment depuis une loi de 2017 sur le renseignement selon laquelle « les organisations et citoyens doivent, dans le respect du droit, soutenir, coopérer et collaborer avec le travail de renseignement national ».

L’affaire Meng Wanzhou, du nom de la directrice financière du groupe et fille de son fondateur, arrêtée le 1er décembre à Vancouver, sur requête des Etats-Unis, et accusée d’avoir eu recours à une société écran entre 2009 et 2014 pour contourner les sanctions contre l’Iran et dissimuler les affaires de Huawei avec Téhéran, a renforcé les tensions entre la Chine et le Canada et les suspicions qui entourent l’entreprise.