Le Rassemblement national (RN) lance sa campagne des élections européennes. La présidente du parti, Marine Le Pen, doit présenter, dimanche 13 janvier dans l’après-midi, lors d’un meeting à Paris, les douze premiers candidats de sa liste, parmi lesquels « un tiers de sortants, un tiers d’entrants et un tiers de ralliés ». Cette liste sera conduite par son fidèle et jeune porte-parole, Jordan Bardella, 23 ans, dont ce sera le baptême du feu. Les européennes seront « un référendum sur [la] politique » d’Emmanuel Macron, contestée depuis plusieurs semaines par les « gilets jaunes », qui sont largement soutenus par les électeurs du RN, a prévenu dans Le Parisien dimanche la nouvelle tête de liste.

Parmi les ralliés à la liste du RN, Thierry Mariani, ancien ministre Les Républicains (LR) de Nicolas Sarkozy, pourrait figurer à la troisième place – emblème du ralliement auquel aspire le RN (ex-FN) depuis qu’il a changé de nom en juin –, ainsi que l’ancien député LR de Gironde, Jean-Paul Garraud. Reste à savoir si M. Mariani, ex-député du Vaucluse qui « regrette » d’avoir voté pour le traité européen de Lisbonne en 2005, entraînera beaucoup de militants LR dans son sillage. Son ralliement n’engage « que lui-même », a déclaré jeudi à l’Agence France-Presse le maire de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), Lionnel Luca, au nom du courant de LR Droite populaire, cofondé par M. Mariani.

Coalition de partis « souverainistes »

Le RN pourrait aussi désigner à la deuxième place, selon L’Opinion, une nouvelle venue, Hélène Laporte, conseillère régionale de Nouvelle Aquitaine et analyste bancaire, membre du bureau national (direction élargie). Un représentant de la société civile, l’essayiste Hervé Juvin, partisan d’une écologie civilisationnelle, pourrait occuper la cinquième position. Parmi les sortants, l’eurodéputé et coprésident du groupe du RN au Parlement européen, Nicolas Bay, ne prendrait que la septième place. Parité oblige, l’eurodéputée et mère du député Bruno Bilde, Dominique Bilde, aurait la quatrième et Joëlle Mélin la sixième.

Le groupe des 24 élus RN à Strasbourg a fondu à 15, notamment après l’échec de la présidentielle qui a provoqué le départ de l’ancien numéro deux, Florian Philippot, et d’autres élus partis chez Debout la France. Sortir au moins en tête en France et former une coalition de partis souverainistes pour « reconstruire une Union européenne différente » : tels sont les objectifs du RN, a déclaré M. Bardella.

« Tous gilets jaunes »

« Nous avons toutes les raisons de faire mieux qu’en 2014, quand le RN était arrivé victorieux avec 25 % des voix et 24 élus, assure Philippe Olivier, conseiller de Marine Le Pen. Nos adversaires chez LR et au PS ne sont plus très fringants, l’UE n’est pas glorieuse avec une chancelière allemande chancelante et un président français pas en forme. » Le ralliement de MM. Mariani et Garraud participe de cette « recomposition » de la vie politique engagée à la présidentielle, fait valoir Marine Le Pen, qui assure que Les Républicains ont « vocation à disparaître ».

Crédité de près de 24 % des intentions de vote, devant La République en marche, « le RN a un boulevard devant lui », avance le sociologue Sylvain Crépon, pour qui le parti national-populiste est « aidé » par les « gilets jaunes » et « les difficultés du gouvernement, de LR et de LFI ». Aucun représentant des « gilets jaunes » ne sera pourtant sur la liste. « Nous sommes tous gilets jaunes », explique Marine Le Pen, qui a gardé ses distances à l’égard d’un mouvement défiant la représentation politique. Sa prudence semble avoir payé. Son parti ne cesse de progresser dans les sondages ; il est devenu celui qui « incarne le mieux l’opposition » au chef de l’Etat, devant La France insoumise, selon l’IFOP.