Le robot connecté Varram, présenté  au Consumer Electronics Show de Las Vegas, le 8 janvier. / Ross D. Franklin / AP

Sur son stand, le patron de l’entreprise italienne Volta, Silvio Revelli, jubile et montre à qui le veut, sur son téléphone portable, les interviews qu’il a réalisées plus tôt dans la journée avec les plus grands médias américains, à l’occasion du Consumer Electronics Show de Las Vegas, qui se clôt vendredi 11 janvier. Et tant pis si l’on sent parfois une pointe d’ironie dans les sujets qui lui sont consacrés. Son produit, Mookie, a obtenu une exposition inespérée.

Le concept : une gamelle connectée, qui, grâce à un système de reconnaissance d’images, permet de s’assurer que la nourriture destinée à tel animal de la maison ne sera pas mangée par un autre. « Ou par un enfant », ajoute l’affable Italien.

Un peu plus loin dans les allées du Convention Center, la société chinoise iKuddle présente en avant-première une maisonnette pour chats autonettoyante, avec fonctions désodorisantes. Une application prévient le propriétaire quand la litière vient à manquer.

Interagir à distance avec son animal

Ces exemples ne sont pas isolés. Après avoir ronronné sur un nombre réduit de produits – à commencer par les traqueurs pour retrouver un animal perdu – la « pet tech » (« technologie au service des animaux » – prend son envol, avec des propositions parfois étonnantes.

Les entreprises françaises ne sont pas en reste. La société CamToy n’est pas passée inaperçue à Las Vegas : son robot Laïka est un « compagnon de vie pour le chien », qui permet au propriétaire, quand il est au travail, par exemple, de pouvoir s’assurer, depuis son smartphone, si l’animal va bien et de s’adresser à lui à distance. Laïka peut aussi interagir de manière autonome avec l’animal, aller à sa rencontre pour briser son ennui, l’inciter à faire de l’activité et même lui jeter des friandises. « Ce n’est pas une solution de surveillance, plutôt une solution de stimulation pour le bien-être de l’animal », explique le patron, Thomas Samtmann. Le produit devrait sortir d’ici à la fin de 2019, si le jeune entrepreneur trouve, dans les tout prochains mois, les fonds nécessaires pour passer en production.

Toujours à destination des chiens, mais aussi des chats, Invoxia a modernisé les traqueurs pour animaux en exploitant les possibilités offertes par les réseaux bas débit type LoRa et Sigfox. Sa solution lui permet de proposer un objet avec une autonomie beaucoup plus longue (trois mois sans recharge) que la concurrence et sans abonnement les trois premières années. Depuis peu, ses traqueurs se sont vu adjoindre des fonctions de veille d’activité de l’animal que l’entreprise compte bien développer.

Des propriétaires prêts à dépenser beaucoup

Arioneo, elle, s’intéresse aux chevaux, et plus particulièrement à ceux de compétition. La société a déjà développé plusieurs produits, destinés notamment aux entraîneurs pour analyser les performances de leurs poulains et suivre leurs données métaboliques. A Las Vegas, Arioneo franchit une étape supplémentaire en proposant un équipement à destination des hippodromes – une sangle connectée pour chevaux –, leur permettant de proposer aux parieurs, avant, pendant, et après chaque course, les statistiques de chacun des chevaux, comme on affiche les vitesses au tour des formule 1 ou le nombre de passes au football.

« Notre vision est que le marché du cheval n’est pas passé à l’ère de la donnée. Avec celle-ci, on pourra voir des choses que personne ne voyait jusque-là, affiner la valorisation d’un cheval, détecter un futur champion dès le plus jeune âge », s’enthousiasme Erwan Mellerio, le jeune dirigeant. Autant de pistes pour écouler ses produits dans un milieu où les propriétaires de chevaux sont prêts à dépenser beaucoup pour leur animal.

Même si tous ne sont pas très connectés, les propriétaires d’animaux domestiques (chien, chat), sont souvent prêts à mettre la main à la poche pour acheter un traqueur, en particulier s’ils ont déjà perdu un animal, explique Serge Renouard le patron d’Invoxia.

Erwan Mellerio (cofondateur)

Un marché en plein essor

Enfin, et surtout, le marché des animaux – ou plutôt celui des propriétaires d’animaux – est d’une taille considérable, et les arguments commerciaux qui valent en France peuvent facilement être exportés. Ainsi Thomas Samtmann a-t-il déjà un plan de développement bien arrêté, avec la volonté d’attaquer, dès 2020, le marché américain et ses 78 millions de chiens, puis, très rapidement, le marché asiatique. « Le Japonais, c’est un peu notre cœur de cible : un citadin, technophile qui travaille beaucoup et qui vit dans de petits appartements avec de petits chiens », explique M. Samtmann, avant de rappeler que le marché de la « pet tech » devrait atteindre 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) d’ici à 2022.

A moins, bien sûr, que, d’ici là, ces charmantes bêtes n’aient été remplacées dans le cœur de leurs propriétaires par une autre star du CES : Aibo, le chien robot de Sony, séduisant et moins salissant.