Aperçu de la vidéo colorée et entêtante de « Baby Shark » de Pingfong. / Capture écran YouTube

Elle est répétitive, mélodique, s’accompagne d’une mignonne petite chorégraphie. Elle est facile à retenir, voire impossible à oublier. La comptine Baby Shark (bébé requin) était taillée pour son succès. Les chansonnettes et autres vidéos pour enfants sont des contenus ultra-populaires sur YouTube, et leurs créateurs sont parfois assis sur des petites fortunes. Mais celle-ci a réussi un tour de force particulier la semaine du 7 janvier en intégrant le prestigieux classement américain du magazine Billboard des tubes du moment. Baby Shark se hisse à la 32place du top 100, le grand bain des stars du rap, de la pop et du R’N’B.

Baby Shark Dance | Sing and Dance! | Animal Songs | PINKFONG Songs for Children
Durée : 02:17

Pour établir ce palmarès né à l’été 1958 et devenu un baromètre dans l’industrie musicale, le magazine Billboard s’appuie sur les ventes physiques d’albums, les passages sur les ondes, mais aussi les téléchargements en ligne comme sur iTunes. Ce tube destiné aux maternelles a donc dépassé les frontières de la plate-forme de vidéos en ligne, où elle affiche des résultats impressionnants. Avec plus de 2,1 milliards de vues sur sa seule version anglaise, elle fait partie des 25 vidéos les plus vues de l’histoire de YouTube, juste devant la comptine Wheels on theBus (les roues du bus), lui aussi grand hit anglophone pour les tout-petits.

Un hit qui a déjà deux ans

« Baby Shark, doo doo da-doo da-doo… Mommy Shark, doo doo da-doo da-doo… » Depuis l’été dernier, ces quelques paroles résonnent en boucle dans les foyers américains avec jeunes enfants, mais aussi sur les forums de discussion en ligne. Le magazine Wired estime d’ailleurs que Baby Shark est le plus gros « mème » Internet de 2018.

Une chanson inspirée d’une comptine traditionnelle et traduite dans onze langues

Pourtant, ce clip vidéo créé par Pingfong, un label de SmartStudy – entreprise sud-coréenne spécialisée dans les contenus éducatifs –, a été posté deux ans plus tôt, en juin 2016. La chanson, qui serait inspirée d’une comptine traditionnelle, a également été traduite et publiée dans onze langues, comme l’espagnol, le chinois, le philippin, le coréen, le japonais, déclinée dans une centaine de pastilles (version Noël, Halloween, etc.), et également copiée par la concurrence.

La chaîne YouTube de Pingfong n’est qu’une parmi de nombreuses autres à proposer des vidéos animées et chansons pour les enfants. Un modèle plutôt lucratif qui garantit souvent des millions de vues cumulées sur la plate-forme. Ce succès repose sur la capacité des enfants à voir des dizaines de fois le même contenu en boucle, mais aussi sur le fait que YouTube suggère automatiquement des vidéos à la fin de celles consultées, plongeant les spectateurs dans un tunnel de visionnage.

Parodié par la K-Pop et Hollywood

En Asie, la comptine a séduit des célébrités, des idoles et des fans de pop, qui s’en sont largement amusés, à l’instar du girls band Mamamoo.

(Weekly Idol EP.345) MAMAMOO ver. 'Baby Shark' [마마무ver. 아기상어 송 공개!]
Durée : 02:15

Le virus a ensuite touché les côtes américaines, au début de l’été avec le #babysharkchallenge qui consistait à se mettre en scène sur la chanson, notamment via l’appli de karaoké TikTok, très prisée des jeunes occidentaux. Début juillet, le nombre de recherches Google sur la chanson et la chorégraphie s’est envolé. La danse du bébé requin a ensuite été adoptée par des personnalités américaines comme la présentatrice Ellen DeGeneres ou son homologue James Corden, qui y ont fait allusion dans leurs émissions. Et s’est aussi invité dans de célèbres télécrochets, comme sur le plateau de « The X factor » en Grande-Bretagne.

The Biggest 'Baby Shark' Ever w/ Sophie Turner & Josh Groban
Durée : 06:09