Le nouveau départ est prévu mardi 15 janvier, à 5 heures (heure locale). Lundi, il était impossible de donner une estimation du nombre exact de migrants. / JOE RAEDLE / AFP

Un nouveau groupe de migrants Honduriens, le troisième depuis le mois d’octobre 2018, se prépare à quitter la ville de San Pedro Sula, à une centaine de kilomètres à l’est de la frontière avec le Guatemala, dans le but de rejoindre le Mexique et, pour certains, les Etats-Unis.

Sous le slogan « Nous cherchons un refuge, on nous tue au Honduras », des centaines de personnes, qui ont répondu à une invitation sur les réseaux sociaux (dont on ignore l’origine), ont commencé à rejoindre le terminal de bus de la ville, d’où était partie une première « caravane », le 13 octobre 2018, rejointe une semaine plus tard par un deuxième groupe, parti du sud du pays.

Le nouveau départ est prévu mardi 15 janvier, à 5 heures (heure locale). Lundi, il était impossible de donner une estimation du nombre exact de migrants, mais certaines sources avançaient le chiffre de trois mille personnes.

« Une nouvelle caravane est en formation en ce moment même au Honduras », avait affirmé, jeudi 10 janvier, le président américain, Donald Trump – dont l’obsession de construire un mur antimigrants à la frontière avec le Mexique provoque une paralysie de l’administration américaine (le « shutdown ») depuis le 21 décembre 2018. « Apparemment, c’est la plus grande qu’on ait jamais vue, a-t-il ajouté. Un drone ne pourra pas l’arrêter (…), mais vous savez ce qui pourrait l’arrêter ? Un beau et puissant mur. »

« Ne perdez pas votre temps et votre argent »

L’ambassade des Etats-Unis à Tegucigalpa a publié de nombreux messages sur les réseaux sociaux sous les mots-clés « Votre Nord est ici » et « Le Honduras a besoin de vous » pour convaincre les Honduriens de ne pas partir. « Les Etats-Unis appliqueront leurs lois migratoires, et vous ne pourrez pas entrer de manière légale, a averti la chargée d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis au Honduras, Heide B. Fulton, dans une vidéo. Des milliers de Honduriens qui ont pris part aux caravanes sont revenus tristes d’avoir pris cette décision. Ne perdez pas votre temps et votre argent dans un voyage voué à l’échec. Ne risquez pas votre vie et celle de vos enfants. Le chemin est long et dangereux. »

« Les migrants ne constituent pas une menace pour la sécurité du Mexique ou des Etats-Unis », Olga Sanchez Cordero, ministre de l’intérieur mexicaine

Le ton des nouvelles autorités mexicaines, lui, est sensiblement différent. « La base de la politique migratoire du Mexique à la frontière sud est de donner un accès légal et ordonné, respectueux des droits humains, a assuré, le 7 janvier, la ministre de l’intérieur mexicaine, Olga Sanchez Cordero, en annonçant le départ prochain de la nouvelle « caravane ». Les instructions du président Andrés Manuel Lopez Obrador sont claires : dans le traitement des migrants, nous devons appliquer ce que nous exigeons des autres gouvernements pour nos concitoyens. Notre vision est que les migrants ne sont pas des délinquants, et ils ne constituent pas davantage une menace pour la sécurité du Mexique ou des Etats-Unis. »

Ils continuent d’errer dans l’espoir d’entrer aux Etats-Unis

La ministre a demandé l’aide de la communauté internationale, en particulier celle de l’ONU et de l’Organisation des Etats américains, qui doivent, a-t-elle dit, « assumer leur co-responsabilité dans la gestion du phénomène de migration massive depuis les pays d’Amérique centrale vers les Etats-Unis, qui transite de manière inévitable » par le Mexique, où quelque 300 000 migrants Centraméricains sont entrés en 2018.

Fin octobre 2018, une « caravane » d’environ cinq mille personnes avait quitté San Pedro Sula. Quelques jours plus tard, deux autres groupes de deux mille migrants chacun étaient partis du Salvador. A la mi-novembre, on comptait quatre groupes différents marchant à travers le Mexique pour rejoindre la ville frontalière de Tijuana, dans le Nord-Ouest. Aujourd’hui, des milliers de Centraméricains continuent d’errer le long des clôtures dans l’espoir d’entrer aux Etats-Unis. D’autres ont accepté les aides pour retourner au pays.

Beaucoup de migrants, enfin, ont préféré rester au Mexique. Beaucoup de ceux de la nouvelle « caravane » pourraient, eux aussi, y arrêter leur marche, dans le but de se faire embaucher sur les chantiers annoncés par le gouvernement fédéral, comme la construction du Train Maya, une voie ferrée de 1 500 kilomètres sur la péninsule du Yucatan, ou pour la plantation d’arbres fruitiers, sur un million d’hectares et ses 400 000 emplois prévus, dans l’Etat du Chiapas.