A dix semaines du Brexit, les députés britanniques ont fait voler en éclats l’accord sur le Brexit laborieusement négocié par Theresa May et infligé à la première ministre une humiliante défaite dont nul ne sait si elle survivra politiquement. Dans une Chambre des communes chauffée à blanc, 432 des 650 députés ont dit non au deal sur le divorce avec l’Union européenne, mardi 15 janvier.

Ce score sans appel résulte de la coalition entre trois types d’opposants bien distincts : les travaillistes qui souhaitent renverser Mme May pour déclencher des élections et parvenir au pouvoir, les proeuropéens qui espèrent obtenir un second référendum, et les partisans d’une rupture franche avec l’UE qui considèrent le deal de Mme May comme une trahison du Brexit et appellent de leurs vœux un no deal propre à provoquer un choc économique favorable à leur dessein ultralibéral.

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L’ampleur de la défaite, plus cuisante que les prévisions les plus alarmistes pour Mme May, signifie qu’un replâtrage ne suffira pas à faire changer d’avis les députés, comme la première ministre l’espérait. Prenant la parole immédiatement après l’annonce du vote, Mme May a déclaré que, si l’opposition déposait un vote de défiance, mais que les députés lui renouvelaient leur confiance, elle chercherait une autre solution pour le Brexit apte à réunir une majorité. « Le résultat, a-t-elle remarqué, nous dit ce que les députés ne veulent pas mais ne nous dit pas ce qu’ils veulent. »

Dans la foulée, le chef du Labour, Jeremy Corbyn, a annoncé effectivement le dépôt d’une motion de défiance contre le gouvernement de Theresa May après sa « catastrophique défaite, sans précédent depuis les années 1920 ». L’opposition a commencé à s’unir puisque la motion est signée, outre par M. Corbyn, par les leaders des LibDems, des indépendantistes écossais du SNP, du parti gallois Plaid Cymru et des Verts. Andrea Leadsom, ministre des relations avec le Parlement a confirmé que le vote sur cette motion aurait lieu dès demain, mercredi 16 janvier, après une journée entière de débats s’achevant à 19 heures.

Même si le nombre de députés conservateurs ayant voté ce soir contre l’accord sur le Brexit – 118 sur un total de 317 – constitue en lui-même un défi pour Mme May, il est peu probable que l’opposition réunisse une majorité pour déboulonner la première ministre. Le parti démocratique unioniste, dont les dix élus servent normalement d’appoint à Mme May, a voté contre le deal, mais ses responsables ont confirmé, mardi soir, qu’ils ne se joindraient pas à un vote de défiance. Pourtant, l’ampleur de la défaite de Theresa May est telle qu’elle lance une dynamique nouvelle. Tout est désormais possible, tant sur le plan politique britannique, qu’à propos de l’avenir du Brexit.