Alexis Tsipras, le premier ministre grec, s’adresse aux députés lors d’une session parlementaire sur le vote de confiance à Athènes, en Grèce, le 15 janvier 2019. / COSTAS BALTAS / REUTERS

Le Parlement grec a commencé mardi 15 janvier un débat de deux jours sur un vote de confiance au gouvernement d’Alexis Tsipras, dont la majorité est ébranlée par la controverse sur le nouveau nom de la Macédoine.

Le premier ministre a demandé la confiance du Parlement après la démission, dimanche, de son allié, le ministre de la défense, Panos Kammenos, chef du petit parti souverainiste des Grecs indépendants (Anexartiti Ellines – ANEL) et fervent opposant au récent accord sur le nouveau nom de la Macédoine.

Les députés grecs doivent voter mercredi à minuit, heure d’Athènes (21 heures, heure de Paris). Le parti du premier ministre, Syriza, compte 145 députés sur les 300 du Parlement grec, mais le vote de confiance ne requiert qu’une majorité simple, qui ne doit toutefois pas être inférieure à 120 élus présents. Fragilisé, le gouvernement Tsipras devrait y parvenir car au moins quatre députés de l’ANEL, dont deux ministres, pourraient voter en sa faveur, ainsi que certains députés indépendants.

Le principal parti d’opposition, Nouvelle Démocratie (78 élus), à droite, hostile à l’accord sur le nouveau nom de la Macédoine, votera contre la confiance à la majorité parlementaire, et ne cesse de demander des élections anticipées.

« Identité nationale »

Pour Alexis Tsipras, l’accord gréco-macédonien de juin, qui rebaptise l’ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM, Fyrom en anglais) en « République de Macédoine du Nord », est « une occasion historique » de mettre fin à ce litige politico-sémantique empoisonnant les relations bilatérales depuis vingt-sept ans, entravant l’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne et à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord en raison du veto grec.

Pour la plupart des Grecs, le nom de Macédoine appartient en effet au patrimoine historico-culturel hellénique et doit être réservé à la province qui porte ce nom dans le nord de la Grèce, lieu de naissance du roi antique Alexandre le Grand. La question « touche le problème des identités nationales et provoque des réactions sentimentales », estime l’analyste Nikolaos Tzifakis, professeur du département des sciences politiques de l’Université du Péloponnèse.

Dans plusieurs villes du nord de la Grèce, des posters ont fleuri dans la nuit pour appeler les députés à voter contre l’accord gréco-macédonien : « Trahirez-vous notre Macédoine ? », peut-on lire sur ces affiches portant les noms des députés locaux de Syriza et d’ANEL. Un nouveau rassemblement est prévu dimanche à Athènes, à l’appel surtout des groupes nationalistes.

L’UE salue le « courage politique » de Tsipras

La marge de manœuvre du gouvernement Tsipras sera beaucoup plus faible pour le vote sur l’accord avec la Macédoine que pour le vote de confiance. Pour être définitivement entériné, le nouveau nom de « République de Macédoine du Nord » doit recueillir 151 suffrages.

L’Union européenne n’a pas manqué d’ailleurs de saluer lundi « le courage politique et la responsabilité » d’Alexis Tsipras et de son homologue macédonien, Zoran Zaev, « de résoudre l’un des plus vieux conflits dans la région ».

Angela Merkel, lors de sa visite à Athènes la semaine dernière, a également loué « l’action décisive » d’Alexis Tsipras, qui « profite » non seulement aux deux pays mais « à toute l’Europe ».

Pourquoi la Macédoine essaie-t-elle de changer de nom ?
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