Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, le 1er octobre 2018 à Paris. / Regis Duvignau / REUTERS

Carlos Ghosn restera en prison au moins jusqu’au 10 mars. Détenu depuis le 19 novembre, le PDG de Renault a vu sa demande de remise en liberté sous caution une nouvelle fois rejetée par le tribunal de Tokyo, mardi 15 janvier. Les juges ont estimé qu’il y avait un risque de destruction de preuves, a précisé la chaîne de télévision publique NHK.

L’ancien président de Nissan et de Mitsubishi, soupçonné de malversations financières à la tête de Nissan, a été mis en examen, le 10 décembre, pour dissimulation d’une partie de ses revenus aux autorités boursières entre 2010 et 2015. Et il a été inculpé vendredi 11 janvier de deux chefs d’accusation supplémentaires : pour abus de confiance et pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers de Nissan entre 2015 et 2018.

Carlos Ghosn a comparu la semaine dernière pour la première fois devant la justice : il s’était dit « faussement accusé », démentant les accusations point par point. Au cours de cette séance, le juge avait déjà justifié son emprisonnement prolongé par un risque de fuite et d’altération des preuves.

« Campagne de déstabilisation »

Mais une autre affaire pourrait bientôt éclater. Le parquet japonais envisage en effet de nouvelles accusations de malversations contre M. Ghosn, liées à sa rémunération à hauteur de 7 millions d’euros par une structure conjointe à Nissan et Mitsubishi aux Pays-Bas, selon des informations des Echos confirmées par Le Monde. La semaine dernière, Renault avait publié un communiqué évoquant « une campagne de déstabilisation délibérément orchestrée » après des révélations sur le salaire d’une proche de Carlos Ghosn, la directrice déléguée à la présidence de Renault, Mouna Sepehri.

Dans une interview au quotidien économique, mardi, le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, rejette les théories d’un complot qui aurait été mis en œuvre pour écarter M. Ghosn. « Comment peut-on imaginer cela ? C’est absurde, et je ne peux pas comprendre que l’on puisse croire une seconde à un tel scénario ! Regardez les faits. Ils sont graves », observe M. Saikawa.

« J’ai été le premier choqué par ce que l’enquête a montré. Je peux vous dire que ce n’est pas facile à encaisser pour nous moralement, et que les conséquences de l’audit interne et des investigations pèsent sur toute l’organisation. »

L’homme d’affaires est derrière les barreaux depuis plus de cinquante jours et sa première garde à vue, le 19 novembre. Son état de santé semble se dégrader. Jeudi, il a souffert d’une forte fièvre et les interrogatoires ont été suspendus. Dans une lettre à l’organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits humains Human Rights Watch, Carole Ghosn, la femme de Carlos Ghosn, déplore les « rudes » conditions de détention du patron de Renault.

Dans ce courrier de neuf pages que l’Agence France-Presse a pu consulter dimanche, Mme Ghosn déplore le fait que son mari soit détenu dans une cellule éclairée nuit et jour, et qu’il n’ait pas accès à son traitement médical quotidien. « Pendant des heures chaque jour, les inspecteurs l’interrogent, l’intimident, le sermonnent et l’admonestent, dans l’intention de lui extirper une confession », regrette-t-elle.