Les touristes sont de retour à Paris : les premiers chiffres de fréquentation donnés par les sites culturels parisiens annoncent une hausse des visiteurs pour l’année 2018, et l’augmentation du nombre d’étrangers, en particulier Américains, Britanniques, Allemands et Chinois.

Si les résultats globaux de 2018 ne sont pas encore connus, les chiffres par musées et monuments sont prometteurs et la fréquentation générale devrait dépasser celle de 2017, année de la reprise – 70,2 millions de visiteurs s’étaient pressés cette année-là dans les sites parisiens selon l’enquête publiée par l’Office du tourisme et des congrès. L’année 2016, marquée par les crues de la Seine et le souvenir des attentats de 2015, avait, elle, vu la fréquentation marquer le pas, avec seulement 68,5 millions de visiteurs.

Les musées portés par les expositions temporaires

En 2018, le Petit Palais est ainsi parvenu, porté par une programmation dense, avec entre autres Les Impressionnistes à Londres et Les Hollandais à Paris, à atteindre 1,2 millions de visiteurs en 2018, soit 100 000 de plus qu’en 2017. Le Musée de l’immigration logé dans le Palais de la Porte Dorée a enregistré une hausse de 9 % du nombre de visites. Le musée d’Orsay s’est distingué grâce au succès de l’exposition Picasso. Bleu et Rose, qui avec 670 667 visiteurs a tiré la fréquentation globale du musée à la hausse, de 3 %. Les Musées de la Ville de Paris annoncent aussi de bons chiffres, avec 3 millions de visiteurs en 2018, en dépit des rénovations qui ont limité l’accès au Musée d’art moderne.

Les expositions-fleuves du Grand Palais ont continué d’attirer de nombreux visiteurs : ils ont été 1,1 million à franchir ses portes. Quant au musée du Luxembourg, autre site parisien de la Réunion des musées nationaux, il affiche 42 % de hausse de fréquentation avec 423 000 visiteurs, en particulier grâce aux expositions sur Mucha et sur le jeune Tintoret. Ce sont donc surtout les expositions temporaires qui ont fait recette dans les musées parisiens, sauf au Centre Pompidou : celui-ci a su tirer parti de ses collections permanentes, dont la fréquentation a augmenté de 18 %, alors que sur l’ensemble du musée, le nombre de visiteurs est en hausse de 5 %.

Art contemporain et numérique

Les musées et monuments qui ont joué la carte de l’art contemporain ont vu la recette fonctionner. Ainsi à Versailles, où cette nouveauté avait pourtant fait débat en 2008, l’art contemporain fait désormais partie du décor et ne décourage par les visiteurs étrangers, qui forment 79 % du public. Le château a accueilli 8,1 millions de visiteurs en 2018, soit 6 % de plus qu’en 2017.

Au Panthéon, c’est surtout l’entrée de Simone Veil dans les lieux qui a beaucoup joué sur la fréquentation (près de 20 % de hausse, avec 859 600 visites). Mais l’exposition Détenues de la photographe Bettina Rheims au château de Vincennes ou l’installation Détournement de l’artiste contemporain Stéphane Tidet à la Conciergerie ont été des succès. La Sainte-Chapelle a également misé sur la modernité et le numérique, en créant une application dédiée à ses vitraux. Elle a vu sa fréquentation augmenter de 20 %, avec 1,27 million de visiteurs en 2018.

Un effet « gilets jaunes » encore incertain

La fréquentation de l’Arc de triomphe est en hausse de 6,36 % avec 1,6 million de visites, et ce malgré les fermetures et les dégradations de décembre dues aux « gilets jaunes ». Le Centre des monuments nationaux (CMN), qui regroupe neuf sites à Paris, dépasse ainsi pour la première fois les 10 millions de visiteurs.

Pour expliquer le succès du CMN, Philippe Bélaval, son président, met en avant « le fait qu’on n’ait jamais parlé autant de patrimoine », citant la mission de Stéphane Bern et le loto dédié au sauvetage des monuments en péril. Cependant, l’incertitude liée aux « gilets jaunes » demeure pour l’année prochaine, a-t-il confié à l’AFP. Pour le moment, l’impact global du mouvement reste encore inconnu, les chiffres de la Tour Eiffel n’ayant pas été communiqués.

Xavier Bourgine