La sénatrice démocrate de l’Etat de New York, Kirsten Gillibrand, officialise sa décision de se lancer dans la course à l’investiture démocrate lors du « Late Show » de Stephen Colbert , le 15 janvier 2019 à New York. / HANDOUT / REUTERS

Deux mois après l’élection de nombreuses nouvelles démocrates au Congrès, l’une de leurs mentors, Kirsten Gillibrand, sénatrice de l’Etat de New York, a annoncé mardi 15 janvier sa candidature à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020. Seconde sénatrice à se porter sur les rangs, elle est identifiée à la cause féminine autant que la première à se porter sur les rangs, Elizabeth Warren (Massachusetts), peut incarner la lutte contre les excès de la finance.

Sans appartenir à l’une des nombreuses dynasties de son Etat, Kirsten Gillibrand, née en 1966, a baigné dans la politique dès son plus jeune âge. Sa grand-mère maternelle, fondatrice d’un club de femmes démocrates, était membre de l’une des dernières « machines » électorale du pays, à Albany, la capitale de l’Etat. Après une formation de juriste, elle travaille comme avocate pour la firme Philip Morris, avant de se rapprocher du pouvoir, au sein de l’administration de Bill Clinton.

Dans le sillage des Clinton

Elle rejoint en 1999 la campagne de la First lady, Hillary, pour un siège de sénatrice de l’Etat de New York, puis se fait élire à la Chambre des représentants dans une circonscription disputée. La proximité développée avec Hillary Clinton explique qu’elle soit choisie pour la remplacer lorsque la candidate malheureuse à la course à l’investiture de 2008, remportée par Barack Obama, est nommée secrétaire d’Etat. Comme elle, elle se lance aujourd’hui dans une quête compliquée pour la fonction suprême.

Le féminisme qu’elle porte en étendard l’a conduit à des positions tranchées bien avant le mouvement #MeToo contre les violences faites aux femmes. Renforcée par cette mobilisation, elle a été la première à demander en 2017 la démission de son collègue démocrate du Minnesota, Al Franken, mis en cause pour des comportements passés jugés inappropriés, et qui a fini par renoncer à son mandat il y a un an. En dépit de ses liens avec les Clinton, elle a assuré la même année que Bill aurait dû démissionner du fait de son comportement envers une stagiaire de la Maison Blanche, Monica Lewinsky, à l’origine du scandale le plus embarrassant de sa présidence.

Nombreuses rivales

L’authenticité de son engagement est difficilement discutable, et il prend une dimension nouvelle face à un président réputé pour sa misogynie, à l’origine d’un décrochage républicain auprès de l’électorat féminin. Mais il peut aussi devenir un piège en enfermant Kirsten Gillibrand dans une seule cause. D’autant que ses positions ont souvent fluctué sur d’autres dossiers, en fonction des circonstances électorales.

Élue dans une circonscription longtemps détenue par les républicains, elle avait rejoint à la Chambre le groupe des Blue Dogs rassemblant les démocrates les plus à droite, notamment sur les questions fiscales. Elle s’est montrée également conservatrice sur la question des armes à feu et de l’immigration, avant d’opérer un virage vers des positions plus progressistes en accédant au Sénat, élue d’un Etat solidement démocrate.

Enfin, Kirsten Gillibrand, que les premiers sondages placent pour l’instant loin des favoris, ne pourra compter comme Hillary Clinton en 2008 et en 2016 sur une singularité de candidate. Elizabeth Warren et Tulsi Gabbard, représentante inclassable d’Hawaï, sont déjà officiellement sur les rangs. Et au moins deux autres sénatrices, Kamala Harris (Californie) et Amy Klobuchar (Minnesota) pourraient également s’ajouter prochainement à une liste qui promet d’être longue.