Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, félicité au Parlement après sa victoire mercredi 16 janvier. / Petros Giannakouris / AP

Alors que son gouvernement était fragilisé par l’accord sur le nouveau nom de la Macédoine, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a gagné une première bataille, mercredi 16 janvier, en remportant un vote de confiance au Parlement.

Sur les 300 députés de la Vouli, 151 ont voté en faveur du gouvernement Tsipras, dont les 145 députés de son parti de gauche Syriza, ainsi que quatre élus indépendants et deux dissidents du petit parti souverainiste ANEL. 148 députés ont exprimé leur défiance envers le premier ministre, selon le décompte officiel. M. Tsipras avait demandé la confiance des députés après la démission de son allié, le ministre de la défense Manos Kammenos, chef du parti des Grecs indépendants (ANEL).

Celui-ci a mis un terme à quatre ans de coalition en raison de sa ferme opposition à l’accord de Pespa conclu entre M. Tspiras et son homologue macédonien, Zoran Zaev, sur le nouveau nom de la « République de Macédoine du Nord » qui a été validée la semaine dernière par les députés macédoniens. « Le Parlement a aujourd’hui donné son vote de confiance à la stabilité et aux efforts entrepris pour redonner au pays sa crédibilité internationale, s’est félicité M. Tspiras après le vote. A un gouvernement qui a déjà changé la Grèce et continuera jusqu’à la fin de son mandat constitutionnel. »

Contentieux vieux de près de trente ans avec la Macédoine

Le premier ministre grec doit désormais affronter un nouveau défi : faire adopter dans les prochains jours l’accord entre Athènes et Skopje par la Vouli. Mais la question du nom est à l’origine d’un lourd contentieux irrésolu depuis vingt-sept ans avec la Grèce, pour qui le nom de Macédoine est exclusivement celui de sa province septentrionale.

Depuis l’indépendance de « l’Ancienne République yougoslave de Macédoine » – la formulation acceptée par les Nations unies (ONU) et la plupart des organisations internationales –, les Grecs crient à l’usurpation d’identité, à la spoliation d’héritage, notamment celui du roi antique Alexandre le Grand, et ils soupçonnent leurs voisins, majoritairement slaves, d’entretenir des ambitions irrédentistes.

En mesure de rétorsion, Athènes imposait son veto à toute tentative de Skopje de rejoindre l’Union européenne (UE) et l’OTAN. Mais la Grèce s’était engagée à lever son veto pour l’adhésion du petit pays balkanique à ces deux institutions s’il acceptait de changer de nom. Ce qui est désormais le cas. Pour Alexis Tspiras, l’accord de Prespa est « une occasion historique » de mettre fin à un litige politico-sémantique qui dure depuis 27 ans.

L’opinion publique divisée

Mais la droite, Nouvelle Démocratie (78 députés), n’accepte pas cet accord et a demandé désormais de nouvelles élections. Le chef du principal parti d’opposition, Kyriakos Mitsotakis, a prévenu : si son parti l’emporte au prochain scrutin, il promet d’annuler l’accord sur le nouveau nom de la Macédoine, qu’il juge « dévastateur ».

La controverse sur le nom de la Macédoine sème également la discorde dans l’opinion publique. Dans plusieurs villes du nord de la Grèce, des affiches accompagnées de menaces ont surgi pour appeler les députés à voter contre l’accord. « Trahirez-vous notre Macédoine ? » peut-on lire sur ces affiches, qui ont donné lieu à plusieurs arrestations. Un rassemblement contre l’accord est prévu dimanche à Athènes, à l’appel de groupes nationalistes.

Pourquoi la Macédoine veut-elle changer de nom ?
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