Les « Football Leaks » avaient entre autres révélé les mécanismes d’évasion fiscale mis en place dans l’univers du football, notamment pour le Portugais Cristiano Ronaldo alors qu’il était au Real Madrid. / GIUSEPPE CACACE / AFP

Il avait participé aux révélations des « Football Leaks », qui avaient fait connaître les mécanismes d’évasion fiscale mis en place dans l’univers du football. Rui Pinto, pirate informatique portugais de 30 ans, présenté par ses avocats comme un « lanceur d’alerte », a été arrêté mercredi 16 janvier à Budapest, en Hongrie, à la demande de la justice portugaise.

Rui Pinto pourrait être extradé vers son pays d’origine dans un délai de trois semaines à un mois, a expliqué la police portugaise, qui avait émis un mandat d’arrêt européen à son encontre pour des soupçons de « tentative d’extorsion aggravée » et d’autres crimes liés au vol de données.

Décrivant leur client comme « un très grand lanceur d’alerte européen qui a participé aux “Football Leaks” », ses avocats français et portugais ont prévenu dans un communiqué qu’ils s’opposeraient à son extradition.

Evoquant l’existence d’une plainte déposée au Portugal par la société d’agents Doyen, déjà visée par les « Football Leaks », les représentants de Rui Pinto estiment que son arrestation est le résultat d’une « précipitation » de la justice portugaise, qui aurait, selon eux, « repris totalement à son compte » les allégations de Doyen. « Rui Pinto est toujours en garde à vue et nous n’avons pas été informés des accusations portées à son encontre », a précisé son avocat portugais, Francisco Teixeira da Mota.

« A l’origine de nombreuses révélations »

Selon la presse portugaise, Rui Pinto est un informaticien autodidacte originaire de Vila Nova de Gaia, dans la banlieue de Porto (nord), vivant à Budapest depuis plusieurs années. En septembre, le magazine Sabado avait le premier révélé son nom comme étant celui du hackeur présumé à l’origine des « Football Leaks ». Rui Pinto est « un élément important des “Football Leaks” », dans la mesure où « il est à l’origine de nombreuses révélations », a confirmé Me Teixeira da Mota.

En 2016, cette enquête réalisée par un consortium de médias européens avait mis au jour les mécanismes d’évasion fiscale mis en place dans l’univers du football, notamment pour le Portugais Cristiano Ronaldo alors qu’il était au Real Madrid. Les « Football Leaks » ont également révélé en avril 2017 l’existence d’une affaire de viol présumé sur Kathryn Mayorga, une Américaine qui a récemment accusé publiquement le quintuple Ballon d’or.

En novembre, une nouvelle série de révélations a ciblé le Paris-Saint-Germain et Manchester City, qui auraient été couverts par l’UEFA pour contourner les règles du fair-play financier, ou le président de la FIFA, Gianni Infantino, qui serait trop proche d’un procureur suisse.

Au Portugal, Rui Pinto est soupçonné d’être la source de courriels internes du Benfica utilisés par des responsables du FC Porto afin d’accuser leur rival lisboète de chercher à contrôler les arbitres.

Ces correspondances ont également donné lieu à un procès pour corruption visant un ancien conseiller juridique du Benfica, accusé d’avoir eu accès à plusieurs informations de justice protégées par le secret de l’instruction. D’après les médias portugais, l’arrestation de Rui Pinto est liée à cette « affaire des e-mails », mais la police portugaise a refusé de confirmer l’information.