Site du constructeur automobile PSA à Rennes, le 16 juillet 2018. / FRED TANNEAU / AFP

Avec deux records historiques de vente presque égaux (à 6 000 voitures près !), les deux groupes automobiles français, PSA et Renault, affichent de belles années commerciales 2018 qui cachent malgré tout des difficultés structurelles derrière de vrais atouts étonnamment complémentaires. Les derniers résultats en date, rendus publics vendredi 18 janvier, sont ceux du Groupe Renault qui a vendu 3,884 millions de véhicules l’an dernier, en hausse de 3,2 % par rapport à 2017. PSA de son côté avait annoncé, mardi 15 janvier, un nombre de 3,878 millions de véhicules vendus en 2018 en hausse de 6,8 %.

Au jeu des ressemblances et des différences, on notera que ces records de ventes sont obtenus par l’apport de marques achetées il y a moins de deux ans. Sans l’intégration des 869 000 ventes 2018 d’Opel-Vauxhall, acheté à General Motors en 2017, PSA aurait affiché un recul de 12 %. Et sans les 166 000 ventes des utilitaires chinois Jinbei et Huasong, deux marques acquises fin 2017, le groupe Renault aurait vu ses ventes baisser de 1,2 %.

Ce qui frappe surtout dans ces résultats commerciaux 2018, c’est que les atouts de l’un correspondent bien souvent aux faiblesses de l’autre et inversement. D’un côté vous avez un Renault de plus en plus international (pour la première fois depuis 2012, la part des ventes hors d’Europe du Groupe Renault dépasse les 50 %) ; en pleine forme dans certains marchés émergents comme la Russie ou l’Amérique du Sud – et ce malgré la chute brutale du marché argentin –, dont les marques à bas coût (Dacia en Europe, Lada en Russie) ou les modèles low cost (Duster, Kwid, Sandero) font un tabac.

Baisse des ventes en Chine

De l’autre, se présente un PSA de plus en plus européen (80 % des ventes du groupe s’y réalisent désormais), dont la marque phare Peugeot, leader des SUV en Europe, est en plein épanouissement (contrairement à la marque Renault qui affiche un recul de 4 % sur le Vieux Continent) ; dans une forme éblouissante sur le segment très rentable des utilitaires (ventes en hausse de 18 % en 2018) ; qui a mieux que tout autre constructeur en Europe pris le tournant de la nouvelle norme WLTP ; mais qui n’a toujours pas en ce début 2019 de véhicule électrique à vendre quand Renault affiche sur ce segment une part de marché de 22 %.

Mais tout n’est pas dissemblable dans la géopolitique automobile tricolore. Les deux groupes français ont connu des difficultés équivalentes en Iran. L’un comme l’autre y ont encaissé durement l’arrêt de leurs opérations rendues inévitables après le nouvel embargo américain. Renault a perdu dans l’affaire 100 000 ventes et PSA 300 000.

Et il y a la Chine. Sur le premier marché automobile mondial, les tricolores sont dans le dur. Surtout PSA. Le constructeur, qui y vendait plus de 700 000 véhicules en 2014, subit sa troisième année d’effondrement (– 32 %) et n’affiche plus que 263 000 ventes. Renault, semble y aller moins mal. Mais la hausse de ses ventes est, on l’a vu, liée à l’intégration des marques Jinbei et Huasong. Dongfeng-Renault proprement dit, dans des volumes tout petits à l’échelle du pays, affiche une baisse de 27 %.

Reste un point sensible : celui de la stabilité des groupes. Renault évidemment est de ce point de vue dans une phase plus difficile que PSA. Son PDG actuel, Carlos Ghosn, étant emprisonné au Japon accusé de malversations financières et les relations avec son partenaire industriel Nissan s’étant considérablement compliquées. Un conseil d’administration de Renault devrait se réunir dans les jours qui viennent pour lui désigner un successeur. En attendant, Thierry Bolloré, directeur général adjoint, assure l’intérim et la continuité du business. On notera que cette année, les résultats commerciaux étaient présentés par le nouveau directeur commercial du groupe Renault, Olivier Murguet, un homme nommé par M. Bolloré.