Des policiers équipés de LBD40 visent des manifestants lors d’une mobilisation de « gilets jaunes » à Paris, le 12 janvier 2019. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Pour Christophe Castaner, il y aurait dans les manifestations, « beaucoup plus de blessés sans le recours des forces de l’ordre au lanceur de balle de défense LBD ». Le ministre de l’intérieur a défendu, vendredi 18 janvier sur Europe 1, l’utilisation de cette arme controversée, accusée de causer des blessures graves.

« Si vous supprimez les moyens de défense à nos forces de l’ordre, il leur reste quoi ? Il leur reste le contact physique et il y aura certainement beaucoup plus de blessés ou il leur reste l’utilisation de leurs armes de poing, qui est la solution ultime », a déclaré le ministre.

« Nous avons besoin de pouvoir utiliser des lacrymogènes, des outils comme le LBD » pour « continuer à protéger l’ordre public » face à une « grande violence » et à « des attaques systématiques contre nos institutions » et « nos forces de l’ordre », a ajouté M. Castaner. Ces dernières « ont le droit d’utiliser la force quand elle est nécessaire, et toujours de façon proportionnée », a-t-il précisé.

Une centaine de blessés graves

M. Castaner réagissait notamment aux déclarations du Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui a demandé jeudi la suspension du recours au LBD, en raison de la « dangerosité » de celui-ci, très utilisé lors des manifestations de « gilets jaunes ».

Alors que le gouvernement ne donne aucun chiffre global des manifestants blessés par LBD, le collectif militant Désarmons-les et le journaliste indépendant David Dufresne ont recensé depuis le début de la contestation des « gilets jaunes », en novembre 2018, près d’une centaine de blessés graves – en grande majorité par des tirs de LBD –, dont une quinzaine ont perdu un œil.

Malgré la polémique, le ministère de l’intérieur a lancé, le 23 décembre dernier, un appel d’offres pour l’acquisition de 1 280 nouveaux LBD. « Il peut arriver que des armes de défense comme le LBD soient mal utilisées », a concédé le ministre, et « dans ce cas nous faisons des enquêtes ». Pour utiliser un LBD, les forces de l’ordre doivent avoir « un agrément », être « formées » et respecter des « règles strictes », qui leur ont été rappelées récemment, a-t-il expliqué.

81 saisines judiciaires de l’IGPN

Interrogé sur les violences des forces de l’ordre à l’encontre des « gilets jaunes » lundi à Carcassonne, Christophe Castaner avait déjà dit « ne connaître aucun policier, aucun gendarme, qui ait attaqué des gilets jaunes » :

« Je connais des policiers et des gendarmes qui utilisent des moyens de défense de l’ordre public, de la République. Il n’y a pas de liberté sans ordre public. Quand elles [les forces de l’ordre] sont acculées, elles utilisent des moyens [de défense]. Mais je n’ai jamais vu un policier ou un gendarme attaquer un manifestant ou un journaliste ; à l’inverse j’ai vu des manifestants attaquer systématiquement nos forces de sécurité. »

« Chaque fois qu’il y a une plainte, elle fait l’objet d’une instruction, et c’est normal. Nous devons l’exemplarité et la transparence », avait-il poursuivi. Depuis le début du conflit, il y a eu 81 saisines judiciaires de la part de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », pour des atteintes diverses, qui vont de l’insulte à la blessure grave, a-t-il précisé vendredi, en répétant vouloir que « la transparence soit faite systématiquement ».

Interrogé sur la dixième journée de manifestation des « gilets jaunes » attendue samedi, M. Castaner a annoncé que le gouvernement allait « de nouveau mettre beaucoup de forces de l’ordre dans la rue ».