Des migrants arrivés aux Etats-Unis, à El Paso, le 14 janvier. / JOE RAEDLE / AFP

Au printemps dernier, les images avaient choqué : des enfants, âgés de 4 à 10 ans, étaient séparés de leurs familles immigrées sans papiers avant d’être placés dans des centres de rétention. Elles symbolisaient la politique anti-immigration du président des Etats-Unis, Donald Trump.

Mais, selon un rapport des services de l’inspecteur général du ministère de la santé, rendu public jeudi 17 janvier, la séparation des enfants migrants de leurs parents a commencé à augmenter dès 2017. « Des milliers d’enfants séparés » étaient passés par les structures dédiées aux mineurs étrangers isolés, estime le rapport, avant qu’un juge ordonne en juin de réunir les familles divisées. M. Trump a alors dû reculer et a signé un décret disposant que parents et enfants seront détenus ensemble.

Mais comme ils n’étaient plus en rétention à la date du 28 juin, ils n’ont jamais été comptabilisés. Quant à ceux qui se trouvaient toujours dans les centres d’accueil à cette date, les autorités ont eu du mal à les recenser. Faute de système centralisé, il a fallu à celles-ci chercher dans 60 bases de données différentes. Une première liste contenait 3 600 noms, selon ce rapport.

« Cruauté et incompétence »

Près d’un millier d’enfants ont été rayés par rapport aux chiffres de la liste officielle, notamment parce qu’il s’agissait d’enfants récemment sortis des centres d’accueil, ou parce qu’ils avaient été séparés non de leurs parents, mais d’autres membres de leur famille (frère, sœur, oncle…). Depuis cet été, l’administration parvient à fournir des chiffres plus précis : 118 enfants, âgés de 1 à 17 ans, ont encore été séparés de leurs parents à la frontière entre juillet et novembre, notamment parce que ces derniers avaient été visés par des poursuites criminelles.

Réagissant à la publication de ce rapport, le sénateur démocrate Cory Booker a réclamé jeudi soir sur Twitter la démission de la ministre à la sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen, en ressortant un tweet de la responsable politique datant de juin 2018. Celle-ci affirmait alors qu’aucune « politique de séparation des familles à la frontière » n’était en place.

« Non seulement c’était un mensonge », mais la publication de ce rapport montre que « plus on creuse, pire c’est », s’est désolé M. Booker. « Nous n’avons vu qu’un étalement de cruauté et d’incompétence de la part de la secrétaire à la sécurité intérieure Nielsen elle doit démissionner », a-t-il déclaré.

Aux Etats-Unis, des enfants en pleurs après avoir été séparés de leurs parents dans un centre de rétention
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