« Non au terrorisme, la Colombie est en deuil », peut-on lire sur le lieu de l’attentat meurtier survenu le 17 janvier à Bogota, en Colombie. / LUISA GONZALEZ / BOGOTA

Le président colombien Ivan Duque a enterré vendredi le dialogue de paix avec la guérilla de l’ELN (L’Armée de libération nationale, guevariste), en réactivant les mandats d’arrêts visant ses négociateurs, au lendemain de l’attentat meurtrier de Bogota attribué à cette rébellion.

« Aujourd’hui, j’ai ordonné (…) la levée de la suspension des mandats d’arrêts des 10 membres de l’ELN qui font partie de la délégation de ce groupe à Cuba et j’ai révoqué la résolution créant les conditions de leur séjour dans ce pays », a déclaré le chef de l’Etat, vendredi 18 janvier soir, en référence aux pourparlers délocalisés à La Havane, au point mort depuis août.

Le dirigeant de droite exige de la rébellion qu’elle libère ses otages, dont le nombre est évalué à 17, et cesse toutes ses activités criminelles avant de reprendre les pourparlers du cinquième processus de paix tenté depuis le début des années 1990.

« Mocho Kiko »

Le gouvernement a attribué à cette guérilla, inspirée du révolutionnaire argentin Ernesto « Che » Guevara, l’attentat qui a fait 20 morts et 68 blessés, jeudi, dans l’école de la police nationale de Bogota. L’attaque n’a cependant pas été revendiquée pour l’heure.

Lire aussi l’entretien avec Ivan Duque : « Notre agenda de paix va au-delà des accords avec les FARC »

Selon le ministre de la défense, Guillermo Botero, cet « acte terroriste » contre l’Ecole d’officiers Général Francisco de Paula Santander, située dans le sud de la capitale, a été commis par un expert en explosifs de l’ELN, José Aldemar Rojas Rodriguez, 56 ans, mort aussi dans l’attentat.

De nationalité colombienne, il était membre depuis plus de 25 ans de la rébellion. Connu sous le nom de guerre de « Mocho Kiko » (Le Manchot, car il avait perdu la main droite dans une explosion), il appartenait au front Domingo Lain, opérant dans l’Arauca, département frontalier.

1 800 combattants

M. Duque a décrété un deuil national de trois jours à la suite de cette attaque, la plus meurtrière depuis 2003 dans la capitale d’un pays peinant à sortir de plus d’un demi-siècle de conflit armé. Il a appelé les Colombiens à participer à une marche contre le terrorisme prévue dimanche.

Des experts avaient averti vendredi que l’attentat porterait un coup fatal aux négociations entamées en 2017 avec son prédécesseur Juan Manuel Santos (2010-2018), mais que M. Duque a laissées en suspens depuis son arrivée au pouvoir en août.

Avec environ 1 800 combattants, l’ELN est considérée comme la dernière guérilla du pays, depuis le désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et leur transformation en parti politique à la suite de l’accord de paix de 2016.