La carrière de l’improbable remake américain du succès français Intouchables ne partait pas sous les meilleurs auspices. Une sortie retardée de près d’un an, des polémiques autour de ses acteurs, des critiques plus que sceptiques : tout prédestinait The Upside, de Neil Burger, sorti en salle aux Etats-Unis, vendredi 11 janvier, à rejoindre rapidement le bas du classement au box-office.

Mais le bouche-à-oreille, doublé sans doute d’un besoin de « feel good stories » dans un pays sous tension, a propulsé ce film un peu poussif en tête des meilleures entrées lors de son premier week-end d’exploitation. Avec ses 20 millions de dollars de recettes (17,58 millions d’euros) – passés à 26 millions en une semaine –, il a même détrôné le superhéros Aquaman, qui en un mois a engrangé près de 300 millions de dollars aux Etats-Unis (1 milliard à travers le monde).

Marqué par l’infamie de son producteur initial, Harvey Weinstein, poursuivi pour agressions sexuelles, The Upside avait été retiré des circuits avant sa sortie, prévue en mars 2018. Repris par STX Entertainment et Lantern Entertainment (successeur de la société de Weinstein), il a fait son apparition sur les écrans en ce début d’année.

Deux polémiques sur le choix des acteurs

Immédiatement, deux polémiques ont éclaté sur le choix des acteurs. Pourquoi, se sont demandé certains défenseurs des personnes handicapées, n’avoir pas confié le rôle du millionnaire quadriplégique, joué par Bryan Cranston, à un acteur paralysé ?

« En tant que personne en fauteuil roulant, je ne pourrais jamais jouer le rôle de Bryan Cranston, alors pourquoi donc joue-t-il quelqu’un comme moi ? », s’est énervé le cinéaste handicapé Dominick Evans. L’acteur a bien voulu admettre que cette question méritait réflexion, tout en rappelant que le rôle d’un acteur est précisément de jouer ce qu’il n’est pas.

Son partenaire, le comique en vogue Kevin Hart, qui incarne l’auxiliaire de vie, joué par Omar Sy dans la version française, n’a pas échappé à la réprobation publique. Sa faute ? Avoir publié, il y a près de dix ans, des Tweet et écrit des blagues jugées homophobes, évoquant notamment sa peur d’avoir un enfant gay. Cette controverse lui a valu sa place de présentateur de la prochaine cérémonie des Oscars, prévue le 24 février. L’actualité de The Upside l’a ranimée pendant quelques jours, finissant de lui donner un parfum de film maudit.

Une pâle copie de l’original

Mais les critiques de cinéma ont surtout vu une pâle copie de l’original, lui reprochant des « clichés » et un scénario « prévisible ». « Comme tout écho, il n’est ni aussi fort ni aussi puissant », juge l’un d’entre eux, repris par le site spécialisé RottenTomato. « Comparé à l’efficacité d’Intouchables, le remake semble emprunté, liant de manière maladroite le matériau français et les recettes d’Hollywood », écrit également Slate. Quant à l’alchimie attendue entre les deux acteurs, elle ne s’installe jamais vraiment. « La moitié du temps, on porte davantage attention à Nicole Kidman [la dévouée Yvonne dans Intouchables] », assène Rolling Stone.

Différences culturelles oblige, le scénario américain a pris des libertés avec la version française, délaissant notamment le contexte familial du personnage d’Omar Sy. Le choc entre deux réalités sociales s’en trouve atténué. Les fans français le regret­teront sans doute, mais la réplique culte « pas de bras, pas de chocolat » peut-être jugée trop offensante, ­a disparu du script de Jon ­Hartmere.

Tous ces écueils ne découragent visiblement pas les spectateurs, qui, depuis une semaine, garantissent au film son succès inattendu. Peut-être n’ont-ils pas encore vu Intouchables ?

The Upside | Official Trailer [HD] | Now In Theaters
Durée : 02:54