Emmanuel Macron lors de « Choose Grand Est », la première déclinaison du sommet national sur l’attractivité au sommet , à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), le 5 novembre. / LUDOVIC MARIN / AFP

Bis repetita. Emmanuel Macron, Edouard Philippe et l’ensemble des ministres du gouvernement devaient recevoir lundi 21 janvier le gotha mondial des affaires au château de Versailles pour la deuxième édition de son sommet « Choose France » (« Choisir la France »). Près de 120 patrons de multinationales et une trentaine de chefs d’entreprises françaises, devraient se presser dans la demeure élevée pour Louis XIV, avant de se rendre mardi à Davos, en Suisse, pour le forum économique mondial.

Et pas question de changer le lieu de cet événement, même en plein mouvement de « gilets jaunes «, au risque de prêter le flanc à la critique du « président des riches ». « Nous accueillons des personnalités économiques du monde entier et ce lieu emblématique est connu de tous à travers le monde, explique-t-on à l’Elysée. Et puis, nous avions à cœur de bien installer ce rendez-vous pour démontrer que la France reste très attractive pour les investisseurs. »

Pour attirer Satya Nadella, le patron de Microsoft, Jamie Dimon, de JPMorgan, James Quincey, le PDG de Coca-Cola, mais également Jesper Brodin, le patron d’Ikea, Angel Zhao Ying, celui d’Alibaba Group ou encore Volkmar Denner, celui de Bosch, la France leur a concocté un programme de sur-mesure.

Le raout de Versailles sera l’occasion de tester les dégâts sur l’image de la France à l’étranger

Comme en 2018, un déjeuner avec le premier ministre Edouard Philippe ouvrira le sommet. Dans l’après-midi, des rencontres bilatérales, façon « speed dating », leur sont proposées avec les quelque 26 ministres du gouvernement mobilisés ainsi que des « pitchs » sur les transformations sociales et économiques du pays, sur les opportunités créées après le Brexit ou sur l’intelligence artificielle. Enfin, le président de la République fermera le ban lors d’un dîner.

L’enjeu est simple : rassurer. Alors que le premier sommet, l’an dernier, célébrait le « France is back » (« le retour de la France au premier plan ») et le lancement de nombreuses réformes, cette année, le ton est tout autre. « Nous voulons leur exposer notre diagnostic sur le contexte actuel des “gilets jaunes”, explique-t-on à l’Elysée. Il y a une volonté de pédagogie sur ce qui a été fait depuis dix-huit mois pour améliorer l’environnement économique, mais nous espérons également demander aux entreprises de prendre leur part à l’émergence d’un modèle économique nouveau. »

Le raout de Versailles sera surtout l’occasion de tester les dégâts sur l’image de la France à l’étranger. Selon l’Elysée, un certain nombre de patrons internationaux ont une vision « grand angle » de la contestation, à l’heure du Brexit et de la montée des populismes. « Ils voient bien que ce n’est pas un phénomène purement français », affirme un conseiller.

« L’attractivité de la France est en train de s’effondrer »

Au point de continuer à croire que « France is back » ? Selon un baromètre Kantar Public réalisé pour Business France entre fin décembre et début janvier auprès de 600 cadres dirigeants étrangers, la France demeure, pour 87 % des sondés, une destination attractive pour les investissements étrangers. Un niveau comparable à celui mesuré avant le mouvement des « gilets jaunes ».

Certains chefs d’entreprises tricolores sont plus pessimistes. « A l’étranger, les images ont tourné en boucle avec un effet terrible, souligne Frédéric Sanchez, président du Medef international et patron du groupe d’ingénierie industrielle Fives, implanté dans une trentaine de pays qu’il ne cesse de visiter. Quand vous êtes aux Etats-Unis et que vous voyez les “gilets jaunes” s’attaquer à des symboles connus dans le monde entier, vous avez l’impression que c’est la guerre civile. L’attractivité de la France est en train de s’effondrer. »

Ce sommet intervient alors que l’économie nationale s’essouffle, que les créations d’emplois plafonnent et que les défaillances d’entreprises devraient reprendre selon Euler Hermès. Reste que l’année 2018 a été plutôt bonne en termes d’accueil d’investissements étrangers, assure l’Elysée. « L’an dernier, nous avons comptabilisé quelque 340 investissements de plus de 10 millions d’euros d’entreprises françaises ou étrangères. Et ce, dans tous les territoires », défend-t-on dans l’entourage du président de la République.

Cet aspect est particulièrement mis en scène lors de ce sommet qui accueillera également des présidents de région. « Les groupes étrangers n’investissent pas exclusivement en Ile-de-France, martèle-t-on à l’Elysée. Et derrière ces investissements, il y a de l’emploi. » Les entreprises à capitaux étrangers emploient 1,8 million de personnes en France.

En 2018, le gouvernement avait annoncé quelque 3,5 milliards d’euros d’investissements. Cette année, ce sera plus modeste. AstraZeneca a indiqué avoir engagé 135 millions d’euros pour agrandir son usine de Dunkerque et d’autres sociétés devraient annoncer quelques centaines de millions d’euros investis dans le numérique ou la logistique.