Yannick Jadot, eurodéputé Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le 3 décembre 2018. / STEPHANE MAHE / REUTERS

Comme Yannick Jadot voudrait que les journalistes arrêtent de lui parler de ça… Comme il voudrait qu’ils cessent de lui rebattre les oreilles à propos d’une éventuelle liste d’union aux élections européennes pour lui parler « de fond »« Il y a un enjeu de clarté, de sincérité et de cohérence. J’entends tous les appels à l’alliance, mais l’écologie est une pensée, une action. Ce n’est pas le gilet de sauvetage pour ceux qui se sont perdus entre Paris et Bruxelles », estime la tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) aux élections européennes du 26 mai. Un scrutin sur lequel misent les Verts pour se compter et, peut-être, créer la surprise. Pour lui l’alternative est simple : « Ecologie ou barbarie », paraphrasant une citation de Rosa Luxemburg, « socialisme ou barbarie », et le nom du groupe politique lancé par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort en 1948.

Pour lancer leur campagne et présenter leurs vœux à la presse, les écologistes avaient donné rendez-vous aux journalistes mercredi 23 janvier à la gare du Nord, à Paris. Destination : Grande-Synthe (Nord), dont le maire EELV, Damien Carême est connu pour son engagement en faveur de l’accueil des migrants. Entre un TGV retardé par la neige dans les Hauts-de-France, les transports en car et le déjeuner dans une cantine, le déplacement a pris parfois des airs de colonie de vacances.

« Fin de cycle »

Yannick Jadot était notamment accompagné de son conseiller Alexis Braud ; de David Cormand, le secrétaire national d’EELV ; de la porte-parole Sandra Regol. Le compagnon de route des Verts, Stéphane Pocrain, était également du déplacement. Des colistiers étaient aussi présents, comme Karima Delli, Mounir Satouri (président du groupe Alternative écologiste et sociale à la région Ile-de-France) ou encore Marine Tondelier, élue d’opposition à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), ville tenue par le Rassemblement national.

Tous sont d’accord : ils ont fait le bon choix de partir seuls, de ne pas être tombés dans les « tambouilles » de la reconstruction de la gauche. « Il y a une fin de cycle de l’histoire de la gauche. L’offre sociale-démocrate ne répond plus aux enjeux du temps. Il faut un nouveau modèle pour sortir du face-à-face mortifère entre libéraux et fachos », analyse M. Cormand. La députée européenne Karima Delli complète : « On veut une rupture avec les partis qui ont prôné le productivisme et qui soutiennent encore aujourd’hui les grands projets. L’écologie politique n’est pas un gadget, ni un supplément d’âme ou un moyen de se donner bonne conscience. »

« Pari risqué »

M. Jadot, lui aussi député européen et qui brigue son troisième mandat, renvoie dos-à-dos « l’arnaque libérale » et « le hold-up populiste ». Il se place hors du clivage droite gauche, qu’il estime dépassé et souhaite défendre « l’Europe des terroirs, ruraux et urbains ». Une notion pourtant connotée à droite mais qui peut, selon lui, mieux articuler le local et le global. « Ce n’est pas réac, ce sont des lieux de relocalisation, de transition écologique par le bas, assure-t-il. On n’est pas en 1950, on ne parle pas de la France blanche, catho et patriarcale. »

Partir seul pour l’élection européenne est un pari qui peut être risqué pour Europe Ecologie-Les Verts. L’échec de l’alliance avec Benoît Hamon (qui défend des positions proches) au début de l’été, puis le refus de la proposition de Ségolène Royal à la fin de 2018, les obligent à arriver devant leurs concurrents du Parti socialiste et de Génération·s. Pour l’instant, la plupart des sondages donnent la liste écologiste dans une fourchette comprise entre 6 % et 9 % des intentions de vote. Les Verts comptent sur une dynamique de fin de campagne. « On est à quatre mois de l’échéance, on a le temps. Et notre électorat se cristallise au tout dernier moment », note Alexis Braud. Pour l’instant, l’espoir est encore de mise.