Gucci est l’une des filiales du groupe Kering, tout comme Yves Saint Laurent, Balenciaga ou encore Alexander McQueen. / Alex Lee / REUTERS

Kering risque un redressement fiscal d’environ 1,4 milliard d’euros en Italie, selon un premier « audit » rendu par les autorités fiscales de la péninsule. Celles-ci soupçonnent le géant français du luxe d’avoir déclaré en Suisse des activités menées en Italie, via sa filiale Luxury Goods International (LGI), pour bénéficier d’une fiscalité plus favorable.

Vendredi 25 janvier, Kering a contesté ces accusations dans un communiqué, précisant que le groupe est « confiant quant à l’issue de la procédure en cours et continuera de collaborer pleinement, en toute transparence, avec l’administration fiscale italienne pour faire valoir tous ses droits ».

1,4 milliard d’euros entre 2011 et 2017

Le groupe de François-Henri Pinault et son fleuron Gucci faisaient l’objet d’une enquête fiscale du parquet de Milan depuis la fin 2017. Une enquête est partie du témoignage d’un ancien cadre de Kering, Carmine Rotondaro, lui-même accusé de fraude fiscale. Ancien responsable mondial des programmes immobiliers du groupe, cet Italien a alimenté l’enquête du parquet de Milan avec des documents internes récupérés avant son licenciement, en 2015. Comme l’a détaillé Mediapart en mars 2018, Gucci est soupçonné d’avoir détourné pendant plusieurs années une grande partie de ses profits italiens vers une filiale en Suisse, en vertu d’un accord fiscal avec le canton du Tessin. Selon le site d’information, Kering et plusieurs de ses filiales auraient ainsi économisé au total plus de 2,5 milliards d’euros d’impôts depuis 2002.

Le groupe français assure que les transferts de trésorerie vers la Suisse correspondent à l’activité réelle d’un entrepôt employant plus de 600 salariés. Et ajoute que « ce modèle d’exploitation est connu des autorités fiscales françaises et des autres autorités fiscales compétentes ». Cette défense pourrait être affaiblie par une découverte de taille : Gucci aurait transféré fictivement une vingtaine de cadres vers la Suisse pour justifier de l’activité de sa filiale, alors qu’ils travaillaient, en réalité, en Italie.

Le rapport d’audit rendu vendredi va désormais être examiné au sein du fisc italien « par le service chargé d’évaluer les conclusions du rapport, qui prendra alors sa décision finale » et notifiera un éventuel redressement. « Le montant d’impôts réclamable estimé [qui porte sur les résultats du groupe entre 2011 et 2017] s’élève à environ 1 400 millions d’euros », explique le groupe dans son communiqué.