Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, à Berlin, le 30 octobre 2018. / TOBIAS SCHWARZ / AFP

L’intensification de la répression contre les opposants a rendu l’Egypte « plus dangereuse » que jamais pour les personnes osant critiquer pacifiquement le pouvoir, a estimé jeudi 24 janvier Amnesty International. L’ONG de défense des droits humains a lancé ce cri d’alarme à la veille du 8e anniversaire du soulèvement populaire déclenché le 25 janvier 2011 et qui avait abouti au départ du président Hosni Moubarak, lors des « printemps arabes ».

Selon Amnesty, les autorités égyptiennes ont arrêté au moins 113 personnes en 2018 parce qu’elles avaient « exprimé pacifiquement leur opinion ». « Aujourd’hui, il est plus dangereux que jamais dans l’histoire récente de l’Egypte de critiquer le gouvernement », a déclaré dans un communiqué la directrice d’Amnesty International pour l’Afrique du Nord, Najia Bounaim. « Sous l’administration du président Abdel Fattah Al-Sissi, l’Egypte est devenue une prison à ciel ouvert pour les dissidents », a encore déploré l’ONG.

Des libertés restreintes sur Internet

Dans une récente interview accordée à la chaîne américaine CBS, M. Sissi avait nié que l’Egypte détienne des prisonniers politiques. Son régime est régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits humains qui dénoncent la répression d’opposants laïques ou de gauche, tout comme les poursuites contre les partisans islamistes de la confrérie, aujourd’hui interdite, des Frères musulmans.

Outre les arrestations de plus en plus nombreuses de militants des droits humains, l’Egypte a adopté une loi permettant aux autorités de surveiller les comptes les plus populaires sur les réseaux sociaux et de les bloquer si elles estiment qu’ils diffusent de « fausses informations ». Pour les défenseurs de la liberté d’expression, ces mesures visent à restreindre les libertés sur Internet, le seul espace où des voix critiques pouvaient encore s’exprimer contre le régime d’Al-Sissi.

Les autorités rétorquent que ces mesures sont nécessaires pour la lutte antiterroriste. Abdel Fattah Al-Sissi est arrivé au pouvoir après la destitution en 2013 par l’armée, dont il était alors le chef, du président islamiste démocratiquement élu Mohamed Morsi. Il a été élu pour un deuxième mandat de président en mars 2018, en l’absence de rival de poids.