Les Français se méfient de Mikkel Hansen, « plus beau bras de la planète handball ». / Henning Bagger / AP

Comme on se retrouve. « Meilleurs ennemis du handball mondial », à en croire le Directeur technique national Philippe Bana, la France et le Danemark s’affrontent, vendredi 25 janvier, en demi-finale du championnat du monde de handball (17 h 30). Une rencontre de gala à Hambourg, que les deux équipes ont rejoint jeudi.

Particularité de la formule de ce Mondial, l’équipe de France va rencontrer l’un des pays hôtes de la compétition, qui jouera… à l’extérieur. Le rendez-vous mondial est organisé pour la première fois cette année par deux pays - le Danemark, donc, et l’Allemagne. Deux pays qui se disputent la paternité de leur sport, apparu il y a plus d’un siècle.

Sur les bords de l’Elbe, à quelques centaines de kilomètres de leur territoire, les Danois font une courte incursion en terres allemandes, le temps de la demi-finale. Sitôt le match expédié - par une victoire, espèrent-ils -, les hommes de Nicolaj Jakobsen regagneront leur pays, afin de préparer la finale, qui se disputera dimanche à Herding, au centre du pays.

« Quitte à les affronter, c’est mieux de les jouer à Hambourg, sur terrain neutre », souligne Nikola Karabatic, même si les Bleus ne se font pas d’illusion. Une cohorte viking rouge devrait envahir l’arène hambourgeoise vendredi.

Après une rencontre sans enjeux, perdue mercredi face à la Croatie, les Français entrent dans le vif du sujet. En l’emportant, les joueurs de Didier Dinart ont l’occasion de se qualifier pour une troisième finale mondiale consécutive. Et le faire contre une équipe qu’ils ont tant affrontée dans des matchs à enjeux serait loin de leur déplaire.

La « blessure » de la finale de Rio

Un match revient inéluctablement quand on aborde la question du Danemark avec les Bleus, « cette foutue finale des Jeux olympiques de Rio dont on est sorti la mort dans l’âme », résume Philippe Bana. Après avoir remporté les éditions 2008 et 2012, les Bleus avaient été déboulonnés de leur trône par les Danois en 2016.

« Ce match sera toujours une blessure tant que je ne l’aurai pas refermée en gagnant les Jeux olympiques », exposait Valentin Porte avant le Mondial. Une blessure qui explique l’insistance unanime des Bleus à obtenir leur ticket pour les prochains JO (ils sont pour le moment qualifiés pour un tournoi de qualification).

Côté danois, on ne manque pas de griefs envers les Français, sur qui la génération dorée du pays s’est cassé les dents à de nombreuses reprises. La finale de « leur » Euro 2014, notamment, est restée en travers de la gorge, et longtemps les coéquipiers de Mikkel Hansen ont nourri un complexe d’infériorité face aux « Experts ». Depuis leur titre olympique, il n’a plus lieu d’être, et c’est une équipe en confiance que s’apprêtent à affronter les Bleus.

Invaincus depuis l’entame de la compétition - comme son co-organisateur allemand, qui a néanmoins concédé le nul face aux Bleus -, les champions olympiques débarquent dans la cité hanséatique sûrs de leur jeu. Ayant vaincu coup sur coup la Norvège et la Suède, l’équipe dirigée par Nicolaj Jakobsen a remporté le Mondial (officieux) des nations scandinaves. Mais les coéquipiers de Rasmus Lauge visent un autre titre.

Finalistes du Mondial en 2011 - ils s’étaient inclinés contre les Bleus - et en 2013, les Danois courent après le seul titre qui manque à leur palmarès (deux championnats d’Europe, un titre olympique). Avec une finale programmée sur leurs terres, ils entendent ne pas manquer le rendez-vous.

Hansen, le « plus beau bras de la planète handball »

« Ils ont d’exceptionnelles qualités de circulation de balle et de tir, ce sont peut-être les meilleurs tireurs du monde, analyse le gardien Cyril Dumoulin. Mais on sait qu’ils n’aiment pas être chatouillés, la clé sera de les amener à un duel physique. »

Connaissant son adversaire par cœur, l’équipe de France sait qu’elle devra une nouvelle fois résoudre l’équation Mikkel Hansen. Sur un nuage depuis l’entame de la compétition, l’esthète danois est le meilleur buteur du Mondial (53 buts).

« Ce garçon est déconcertant par sa facilité, énonce Guillaume Gille. Il possède certainement le plus beau bras de la planète handball. On a l’impression qu’il n’a pas besoin de ses jambes pour pouvoir marquer des buts. » Outre sa force de frappe, Didier Dinart se méfie de « l’intelligence de jeu » de l’arrière scandinave. « Il incarne la fluidité », assure le coach français. Et les Français le connaissent bien. Coéquipiers en club, les Parisiens côtoient l’étoile danoise au fil de l’année.

Après la victoire des siens contre la Suède, le gardien danois, Niklas Landin, impérial depuis le début de la compétition, a dit s’attendre à ce que « beaucoup de fans allemands nous supportent » contre la France. Histoire que les deux nations hôtes du Mondial tranchent une fois pour toutes, en finale, la question de la paternité de leur sport.

Le scénario est déjà écrit, et dans cette histoire, les Bleus n’ont pas le premier rôle. « Sur ce Mondial, on a la sensation d’avoir beaucoup la salle contre nous », constate Ludovic Fabregas. « Faire tapisserie et figuration, ce n’est pas le genre de l’équipe de France, avertit Philippe Bana. On va essayer de montrer qu’on n’est pas là juste pour décorer. »