Arte, vendredi 25 janvier à 22 h 30, documentaire

Les concerts filmés ne donnent généralement pas matière à de grands moments de télévision. Raison de plus pour ne pas rater ce documentaire filmé en mars 2012 par le Suédois Jonas Akerlund dans les entrailles de ­Paris-Bercy, à l’occasion du concert des Berlinois de Rammstein. Le réalisateur, qui a notamment travaillé avec Madonna, U2, Pink, Metallica ou Lady Gaga, s’est taillé une jolie réputation en multipliant les trouvailles techniques et en transformant un simple clip musical en spectacle total.

Transe sur le canapé

La rencontre du quinquagénaire suédois avec Rammstein, groupe de metal allemand aux 20 millions d’albums vendus et qui, depuis une vingtaine d’années, offre des concerts inouïs, avait de quoi intriguer. Et de fait, même installé dans son canapé, on sort de ce spectacle télévisé presque aussi épuisé que si l’on avait été dans la fosse, au milieu de la foule en tran­se. Comment un concert filmé peut-il procurer de telles émotions ? La musique de Rammstein y est évidemment pour beaucoup, à la fois puissante et mélodique, truffée de tubes comme Keine Lust, Engel, Du Hast ou Du Riechst so Gut, pour ne citer qu’eux. L’énergie, la qualité et la rigueur rythmiques des cinq musiciens (Christian Lorenz, Paul Landers, Richard Zven Kruspe, Christoph Schneider, Oliver Riedel) aussi. Et bien sûr, le charisme de Till Lindemann, chanteur à la silhouette beaucoup moins svelte que celle de Mick Jagger, mais à la présence scénique et à la voix rauque peu ordinaires.

Le grou­pe berlinois propose à Paris des jeux ­pyrotechniques en abondance et une scénographie impeccable

Lorsque l’une des 25 caméras mises en place pour l’occasion par Akerlund s’attarde en gros plan sur le visage de Lindemann, le regard clair de ce dernier semble hypnotiser non seulement tout le public de Bercy mais aussi les téléspectateurs. Le grou­pe berlinois, habitué aux concerts spectaculaires saturés d’effets spéciaux, propose à Paris des jeux ­pyrotechniques en abondance et une scénographie impeccable (marques de fabrique du groupe depuis ses débuts) bénéficiant d’un dispositif technique impressionnant pour cette tournée « Made in Germany 1995-2011 » : une scène longue de 24 mètres et haute de 15 mètres, des passerelles, des escaliers, une centaine d’amplis, un système de sonori­sation de 380 000 watts et un staff de 125 techniciens veillant au bon déroulement des opérations.

A cela s’ajoute donc l’œil expert d’Akerlund, qui transforme chaque chanson en un moment d’intense émotion. Alternant images en noir et blanc et couleur, filmant certains mouvements sous plusieurs angles, adoptant un montage nerveux, le réalisateur s’empare du concert pour en faire un show exceptionnel.

Lire le compte-rendu d’Hellfest 2016 : Du metal décliné à toutes les sauces

Torse bardé de micros qui ressemblent à des grenades, Till ­Lindemann confirme son statut de bête de scène. On peut ne pas apprécier certaines scénographies flirtant avec le grotesque (actes sexuels, langue de serpent géante jaillissant de la bouche de Lindemann), mais les éclairs, les flammes, le jeu des lumières se marient parfaitement aux rythmes entêtants et à la ­rigueur de ce groupe. As­sister in vivo à un concert de Rammstein est une expérience inoubliable. Grâce à la virtuosité de Jonas Akerlund, regarder un concert du groupe à la télévision se révèle une expérience presque aussi excitante.

Rammstein: Paris - Official Trailer #1
Durée : 00:11

Rammstein : Paris, de Jonas Akerlund (All., 2017, 100 min). www.arte.tv