Affrontements entre des manifestants et la police, à Caracas, le 21 janvier. / Carlos Garcia Rawlins / REUTERS

Le Tweet – en français et en en espagnol – d’Emmanuel Macron, jeudi 24 janvier au matin, saluant « le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté », avait le mérite de la clarté. Le ton était sensiblement plus dur que celui de nombre de capitales européennes dénonçant comme « illégitime » l’élection de Nicolas Maduro en mai 2018 et assurant que l’Europe « soutenait la restauration de la démocratie ».

Ce mot « illégitime » ne figurait pas dans le communiqué publié la veille au soir par la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui au nom des Vingt-Huit appelait à écouter la « voix » du peuple vénézuélien et réclamait des élections libres. Ce texte prudent s’abstenait, au moins pour le moment, de suivre les Etats-Unis, le Canada et la majorité des pays du sous-continent qui reconnaissent l’opposant Juan Guaido comme président par intérim en attendant de nouvelles élections.

Au nom des Européens, la France et l’Espagne espèrent aider à une médiation afin de trouver une issue négociée à la crise et éviter, selon les mots d’un diplomate occidental, que « ce printemps vénézuélien débouche sur un bain de sang ».

Les dix ambassadeurs européens présents à Caracas le 10 janvier avaient refusé s’assister à la prestation de serment de Nicolas Maduro pour son deuxième mandat, une position cohérente avec le refus de l’Union européenne de reconnaître la légitimité de l’élection présidentielle de mai 2018. Mais ils ont rencontré Nicolas Maduro le 18 janvier, et le lendemain le président du Parlement, l’opposant Juan Guaido. Dans l’état, tout semble bloqué. Le groupe des Européens pourrait néanmoins joindre ses efforts à la tentative de médiation lancée par le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador.

Les autorités françaises ont indiqué vouloir coordonner leur position avec leurs partenaires des Vingt-Huit. Le Tweet du président français a quelque peu irrité le ministre espagnol des affaires étrangères, Josep Borrell. « Si certains veulent tenir le premier rôle, qu’ils le fassent », a-t-il lancé en réponse à des journalistes.

« L’Europe n’a pas le passif des Etats-Unis »

Sur le fond, la position de Paris et de Madrid comme de Berlin n’en est pas moins identique. « Notre volonté est d’encourager un processus démocratique au Venezuela et la France reconnaîtrait celui qui serait élu à l’issue d’un tel processus », explique-t-on à Paris. « Nous devons éviter que les choses empirent et cela exige sans aucun doute un processus d’intervention pour garantir l’unique sortie possible que sont des élections », expliquait de son côté le chef de la diplomatie espagnole, évoquant la nécessité de maintenir aussi le contact avec le régime.

« L’Union européenne a de réels atouts en main pour aider à trouver une solution à la crise : elle n’a pas le passif des Etats-unis et elle s’est montrée cohérente tout au long de la crise », relève Paula Vasquez, chargée de recherche au CNRS et spécialiste du Venezuela. Depuis son élection, Emmanuel Macron a de nombreuses fois critiqué publiquement la dérive autoritaire de Nicolas Maduro et la répression contre l’opposition.