LES CHOIX DE LA MATINALE

Ce week-end, cultivez-vous en famille avec un documentaire sur les géoglyphes du désert de Nazca, tremblez de peur et de plaisir devant Rammstein en concert et jetez un regard nouveau sur de grands événements historiques.

Metal en fusion

Rammstein - TAPE – ARTE Concert
Durée : 03:03

Les concerts filmés ne donnent généralement pas matière à de grands moments de télévision. Raison de plus pour ne pas rater ce documentaire filmé en mars 2012 par le Suédois Jonas Akerlund dans les entrailles de ­Paris-Bercy, à l’occasion du concert des Berlinois de Rammstein. Le réalisateur, qui a notamment travaillé avec Madonna et U2, s’est taillé une jolie réputation en multipliant les trouvailles techniques et en transformant un simple clip musical en spectacle total. La rencontre du quinquagénaire suédois avec Rammstein, groupe de metal allemand aux 20 millions d’albums vendus et qui, depuis une vingtaine d’années, offre des concerts inouïs, avait de quoi intriguer. Et de fait, même installé dans son canapé, on sort de ce spectacle télévisé presque aussi épuisé que si l’on avait été dans la fosse, au milieu de la foule en tran­se.

Comment un concert filmé peut-il procurer de telles émotions ? La musique de Rammstein y est évidemment pour beaucoup, à la fois puissante et mélodique. Le grou­pe allemand, habitué aux concerts spectaculaires saturés d’effets spéciaux, propose à Paris des jeux pyrotechniques en abondance et une scénographie impeccable avec une scène longue de 24 mètres et haute de 15... Alternant images en noir et blanc et couleur, filmant certains mouvements sous plusieurs angles, adoptant un montage nerveux, le réalisateur s’empare du concert pour en faire un show exceptionnel. Alain Constant

Rammstein : Paris, de Jonas Akerlund (All., 2017, 100 min). Disponible sur arte.tv jusqu’au 23 février.

Le Nazca vu du ciel

[TEASER] Science grand format : Nazcas, les lignes qui parlaient au ciel
Durée : 02:04

Cartes du ciel ? Calendriers astrologiques ? Pistes d’atterrissage pour extraterrestres ? Les géoglyphes du désert de ­Nazca, observables dans le sud du Pérou, intriguent. Ces formes de taille monumentale – les plus grandes dépassent 100 mètres d’envergure – ont été tracées entre 700 av. J.-C. et 100 ap. J.-C. sur un territoire d’environ 500 km². Elles sont le mystérieux legs de la civilisation des ­Nazcas, installée dans la pampa péruvienne jusqu’à son effondrement, vers l’an 600, vraisemblablement dû à la désertification.

Ce documentaire s’appuie sur les découvertes archéologiques les plus récentes : l’étude de ces figures (fleurs ou animaux), dont on a longtemps ignoré la signification et la fonction, est largement facilitée aujourd’hui par la mise à disposition de technologies de pointe, présentées de façon très pédagogique. L’autre intérêt de ce documentaire est de faire état de fouilles récentes, principalement sur le site du temple Cahuachi, un sanctuaire majeur surplombant les géoglyphes. C’est à cet endroit que viennent d’être découvertes des momies dans un état de conservation remarquable. Grâce à une technologie mêlant la scanographie et la réalité augmentée, on assiste lors d’une séquence impressionnante à une fouille virtuelle de l’intérieur d’un de ces corps embaumés, dont l’intégrité est parfaitement respectée – une première dans le monde de l’archéologie. Audrey Fournier

Nazcas, les lignes qui parlaient au ciel, de Jean-Baptiste Erreca (France, 2018, 90 min). Disponible sur france.tv jusqu’au 31 janvier.

L’art des histoires

Revue et corrigée, c’est sans doute la formule qui correspond le mieux à cette lecture d’étapes décisives de l’histoire contemporaine. « Les Coulisses de l’histoire » entendent en effet moins raconter les dessous plus ou moins cachés d’épisodes-clés du XXsiècle que les mettre en perspective à la lumière des travaux historiques les plus récents. Ces quatre rendez-vous évaluent la valeur d’un Hitler stratège, les intentions réelles du plan Marshall, les raisons de la capitulation du Japon à la fin de l’été 1945 ou l’aveuglement méthodique de Mao.

Hitler, l’art de la défaite déconstruit le mythe d’un Führer aux fulgurances stratégiques inouïes, qui, par un Blitzkrieg tenu pour un cas d’école, aurait emporté la mise contre l’avis de ses généraux au printemps 1940. Outre que l’option audacieuse ne lui en revient pas, suggérée par Erich von Manstein (1887-1973) et mise en œuvre par Heinz Guderian (1888-1954), jamais crédités, les quelques décisions arrêtées par Hitler, qui préférait s’en tenir à ses intuitions plutôt qu’à l’avis des professionnels de la guerre, s’avérèrent désastreuses. Depuis son apathie quand les Alliés furent piégés dans la poche de Dunkerque en juin 1940 jusqu’à son désir d’assiéger Leningrad, immobilisant des troupes qui ­firent cruellement défaut ailleurs. Mésestimant systématiquement les capacités de ses ennemis, ne reconnaissant jamais ses erreurs pour mieux en imputer la responsabilité à des boucs émissaires tout trouvés, ces officiers héritiers de la tradition impériale, Hitler croit se sauver en rééditant le coup de l’offensive ardennaise à l’hiver 1944 quand son armée n’est plus que l’ombre d’elle-même. Philippe-Jean Catinchi

Les Coulisses de l’histoire, série documentaire d’Olivier Wieviorka et David Korn-Brzoza (Fr., 2018, 4x53 min). Disponible sur arte.tv jusqu’au 22 mars.