Pascal Martinot-Lagarde laisse éclater sa joie le 10 août 2018, au Stade olympique de Berlin : il est champion d’Europe du 110 m haies. / ANDREJ ISAKOVIC / AFP

Quand d’autres champions ignorent la saison en salle, lui répond toujours présent. Malgré son mètre quatre-vingt-dix, Pascal Martinot-Lagarde s’épanouit sur la plus courte des distances, le 60 m haies. Mettez-lui un toit au-dessus de la tête et une médaille (ou un titre) n’est jamais très loin. « PLM » a commencé sa collection de six médailles (européennes ou mondiales) avec du bronze lors des championnats du monde d’Istanbul en 2012. Dimanche 27 janvier, le hurdler effectue sa rentrée lors du meeting en salle de Paris.

Le natif de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) n’a manqué son coup qu’une fois en sept ans : c’était en mars dernier, à Birmingham (Royaume-Uni), lors des Mondiaux en salle (5e). Ce fut pour mieux rebondir en extérieur. Souvent placé, parfois blessé, il n’était jusqu’alors jamais parvenu à briller lors d’un grand championnat en plein air sur 110 m haies. Le 10 août  à Berlin, il devenait champion d’Europe, coiffant sur la ligne le grand favori, le Russe Sergey Shubenkov, pour 2 millièmes de seconde.

Championnats Européens / Athlétisme : Martinot-Lagarde, de l'or et des larmes
Durée : 01:32

Finie la malédiction du 110 m haies en grand championnat, la libération est bienvenue. « J’ai toujours été régulier en salle. En plein air, je crois que j’ai eu de la malchance. A l’exception de 2014, je n’ai jamais eu une saison estivale sans blessures ou pépins physiques », explique Pascal Martinot-Lagarde.

A l’époque, en pleine forme, il enchaîne les bons chronos et descend sous la barre mythique des treize secondes (12 s 95) pour un nouveau record de France, le 18 juillet 2014. Grand favori des championnats d’Europe de Zurich, il est en dessous de ses standards de l’époque (13 s 29) en finale et termine à la troisième place.

Sa carrière prend la même tournure : l’hiver, tout lui réussit ; l’été, il lui manque toujours quelque chose. « PLM » échoue par exemple à la quatrième place des Mondiaux de Pékin (2015) et des Jeux olympiques de Rio (2016). En 2017, il est forfait pour les championnats du monde de Londres à cause d’une blessure au pied. Il aura fallu attendre quatre ans avant qu’il ne remonte sur un podium international sur 110 m haies. « Je me suis dit : Ah, enfin !Ce n’était pas une surprise pour moi, plutôt un soulagement. Je savais que j’étais capable de le faire », assène-t-il.

Cette saison, le spécialiste des haies a ciblé les Mondiaux en extérieur de Doha. Le Français ira sans pression disputer les championnats d’Europe en salle à Glasgow début mars (du 1er au 3). D’ici là, il tentera de courir vite. « Comme je suis moins concentré sur la salle, c’est bien de me fixer un objectif chronométrique », souligne-t-il.

Autre spécialiste du 60 m haies, le Britannique Andrew Pozzi, tombeur de « PML » lors des derniers championnats d’Europe et du monde en salle, est d’ores et déjà forfait sur blessure. Le Français ne devrait donc pas être loin d’une septième médaille sur 60 m haies, en attendant de revenir au plein air avec l’encombrant statut de champion d’Europe.

L’organisation des championnats du monde en plein air à Doha bouleverse cette année le calendrier de l’athlétisme : alors qu’ils ont traditionnellement lieu au mois d’août, ils sont prévus du 27 septembre au 6 octobre pour préserver les athlètes des plus fortes chaleurs. Ceux-ci doivent adapter leur préparation en conséquence.

« Quand tu veux viser la lune, on te dit de garder les pieds sur terre »

« J’ai déjà repris avec trois semaines de préparation hivernale en moins. Puis, au lieu de faire une semaine de coupure entre la saison hivernale et la saison estivale, mon coach m’a dit qu’il ne voulait pas me voir à l’entraînement pendant un mois. Ensuite, on fera également attention aux temps de récupération, aux pauses. Il va falloir gérer l’attente avant Doha. Je suis un homme de compétition. Je fais de l’athlétisme pour me confronter aux autres. »

Exubérant, parfois un peu foufou et très à l’aise devant les médias, l’athlète n’a jamais hésité à clamer haut et fort ses ambitions. De quoi hériter de l’étiquette du garçon trop confiant, voire prétentieux. Echaudé par les critiques, Pascal Martinot-Lagarde a modifié son comportement sans se dénaturer. « Après les échecs, les réactions et les critiques sont parfois dures, surtout après Zurich, qui est le seul gros point noir de ma carrière. Je fais plus attention à ce que je dis. De toute façon, en France, lorsque tu affiches tes ambitions, quand tu veux viser la lune, on te dit de garder les pieds sur terre. Or, c’est la meilleure façon de ne pas être champion… »