Manifestation des « foulards rouges » dimanche 27 janvier à Paris. / Agnès Dherbeys/ MYOP pour Le Monde

Plusieurs milliers de « foulards rouges » ont défilé, dimanche 27 janvier, sous la pluie, de la place de la Nation à la Bastille à Paris, pour « défendre la démocratie et les institutions » face aux violences qui ont émaillé le mouvement des « gilets jaunes ». Selon la préfecture de police de Paris, la manifestation a rassemblé 10 500 personnes, un chiffre conforme à ce qu’espéraient les organisateurs de cette « marche républicaine des libertés ».

Alors que la tête du cortège scandait « Oui à la démocratie, non à la révolution ! » sous une banderole « Stop aux violences », les manifestants, avec dans leurs rangs une proportion élevée de tempes grises et de sympathisants de La République en marche (LRM), arboraient quelques drapeaux français et une poignée de drapeaux européens.

Agnès Dherbeys / MYOP pour Le Monde

Ils répondaient à un « appel à la majorité silencieuse qui reste terrée chez elle depuis dix semaines », selon les termes de l’initiateur de la marche, l’ingénieur toulousain Laurent Soulié. C’est depuis sa page Facebook que celui-ci a lancé mi-décembre l’idée de cette marche, avant d’être rejoint par le collectif des « foulards rouges », né fin novembre pour protester contre les blocages des « gilets jaunes ». Ce collectif a pu se joindre au défilé à condition qu’il ne se soit pas une manifestation de soutien au président Macron mais, plus largement, à la République.

« Le fascisme ne passera pas »

Le slogan « Le fascisme ne passera pas » a été souvent entendu dans la manifestation. « Je ne veux pas voir mon pays basculer dans la dictature », a témoigné Christine, 63 ans, une cadre bancaire retraitée venue de Villeparisis (Seine-et-Marne). Selon elle, « tous les extrêmes sont en train de parler à longueur d’interview, et on voit la montée des extrémistes partout en Europe, avec des chefs d’Etat comme Trump qui ont envie de voir l’Europe se liquéfier ». « Je comprends qu’il y ait des problèmes de fin de mois, mais quand on veut évoluer, on doit faire ce qu’on doit faire pour réussir », poursuit-elle. « On ne peut pas attendre gentiment dans son fauteuil des aides qui vont tomber. »

Une vue aérienne de la manifestation. / ALAIN JOCARD / AFP

Nombre des « foulards rouges » prévoyant de participer à la manifestation disent avoir partagé certaines revendications des « gilets jaunes », mais rejeter la violence « contre les institutions ». Marie-Line, 62 ans, est venue de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Cette cadre infirmière dans un hôpital public, qui n’était « pas contre l’idée originale [des “gilets jaunes”] de râler un peu », est « venue pour dire stop aux violences verbales ou physiques ».

« Ce n’est pas une manifestation contre les gilets jaunes, c’est une manifestation pour [leur] dire : vous avez des revendications, nous les entendons, mais il y a un autre lieu que la rue pour discuter, on ne va pas bloquer le pays et l’économie parce qu’on considère que le président est illégitime », a expliqué le sénateur François Patriat (LRM), venu sur place.

Une quinzaine de députés et six sénateurs présents

Si Laurent Soulié est un sympathisant assumé de La République en marche (LRM), le parti présidentiel et la majorité se tiennent pourtant à l’écart de cette initiative, malgré la présence d’une quinzaine de députés – dont Olivia Grégoire et Jean-Michel Fauvergue – et de six sénateurs à la manifestation.

« Cette marche et cette démarche ont toute ma sympathie, et pourtant je n’y participerai pas », car « on dirait tout de suite que c’est une récupération », a ainsi déclaré, dimanche, Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, au micro du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI ».

A l’arrivée place de la Bastille, les participants ont essuyé les huées et invectives de quelques dizaines de « gilets jaunes » postés sur les marches de l’opéra, sous deux banderoles : « Macron destitution » et « Tout brûle déjà ».

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