Juan Guaido et sa femme ont assisté à la messe dimanche 27 janvier. / CARLOS BARRIA / REUTERS

Pour faire basculer l’armée, principal soutien du président élu Nicolas Maduro, le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, mise sur deux manifestations, mercredi 30 janvier et samedi 2 février.

« Mercredi de midi à 14 heures, partout au Venezuela nous descendrons dans les rues (…) pour exiger des forces armées qu’elles se mettent du côté du peuple, et samedi [nous appelons à] une grande mobilisation dans tout le Venezuela et le monde pour accompagner le soutien de l’Union européenne et l’ultimatum », a déclaré dimanche 27 janvier le député de droite de 35 ans, chef du Parlement.

Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné samedi à Nicolas Maduro huit jours pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président. L’ultimatum expirera dimanche.

L’Union européenne a brandi pour sa part une menace plus floue : elle « prendra des mesures » si des élections ne sont pas convoquées « dans les prochains jours », y compris concernant « la reconnaissance du leadership » dans le pays. Samedi, « nous célébrerons ce soutien inédit du monde entier à notre cause, mais aussi en comptant sur le fait que sera sur le point d’expirer l’ultimatum de l’Union européenne (sic), pour parvenir à la fin de l’usurpation, au gouvernement de transition et à la convocation d’élections libres », s’est félicité Juan Guaido. Jusqu’à présent, Nicolas Maduro se montre inflexible. « Personne ne peut nous donner d’ultimatum », a-t-il déclaré à la chaîne CNN Turk.

Une offre d’amnistie pour les militaires et fonctionnaires

Encouragé par le soutien international, Juan Guaido cherche à fissurer la loyauté de l’armée, essentielle au maintien au pouvoir de Nicolas Maduro depuis 2013. Il offre donc l’amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir, dans une loi que ses partisans se sont chargés de distribuer dimanche aux centres de police et de l’armée du pays.

« Aujourd’hui, nous sommes allés tendre la main (…) Soldat du Venezuela, nous plaçons nos espoirs en toi et en ton engagement envers notre Constitution », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas le moment d’avoir peur. »

Face aux opposants qui leur remettaient le texte de loi, certains soldats ont toutefois brûlé ou déchiré le document, qui offre « toutes les garanties constitutionnelles » aux militaires et civils qui « collaborent à la restitution de la démocratie ». « L’armée est avec notre commandant en chef, Nicolas Maduro », a déclaré l’un d’eux.

Des dissensions apparaissent

Nicolas Maduro au pas de course avec les militaires, dimanche 27 janvier à Valencia. / SERVICE DE PRESSE DE LA PRESIDENCE / REUTERS

Pendant ce temps, Nicolas Maduro supervisait des exercices militaires au Fort Paramacay, dans le nord du Venezuela. « Genou à terre pour combattre le coup d’Etat, je le dis à toutes les forces armées bolivariennes : union maximale, discipline maximale, cohésion maximale », a-t-il lancé aux troupes. Il les a aussi mises en garde : « Etes-vous des putschistes ou respectez-vous la Constitution ? (…) Traîtres jamais, loyaux toujours ! »

Des dissensions commencent en effet à apparaître. Attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a annoncé samedi ne plus reconnaître M. Maduro comme président légitime et a exhorté ses « frères militaires » à faire de même.

« Soldat du Venezuela, je te donne un ordre : ne réprime pas les manifestations pacifiques (…), ne tire pas sur le peuple », a lancé Juan Guaido, après une semaine de mobilisations qui s’est soldée par 29 morts et plus de 350 arrestations.

L’Australie reconnaît la présidence par intérim de Juan Guaido

Marise Payne , lors d’une conférence de presse à Sydney, le 24 janvier. / Dan Himbrechts / AP

L’Australie reconnaît le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela jusqu’à ce que des élections aient lieu, a annoncé lundi 28 janvier la ministre australienne des affaires étrangères. Cette reconnaissance par l’Australie intervient après celles des Etats-Unis, du Canada et de plusieurs pays d’Amérique latine qui considèrent comme illégitime le second mandat présidentiel pour lequel Nicolas Maduro a été investi le 10 janvier.

Marise Payne s’est prononcée pour une « transition vers la démocratie au Venezuela dès que possible ». « Nous appelons à présent toutes les parties à travailler de manière constructive vers une résolution pacifique de la situation, y compris le retour vers la démocratie, le respect de l’état de droit et le respect des droits humains du peuple vénézuélien », a déclaré la ministre australienne.

Six pays de l’Union européenne – l’Espagne, le Portugal, la France, la Belgique, l’Allemagne et la Grande-Bretagne – ont annoncé samedi qu’ils reconnaîtraient Juan Guaido comme président par intérim si M. Maduro ne convoquait pas des élections sous huit jours. M. Maduro a rejeté cet ultimatum européen.