Le site de Fireworld ressemblait à de nombreux sites commerciaux sur Internet, à la différence près qu’il se vantait d’aider des parents à « savoir si leur fils était gay ». Le site enchaînait les clichés sur les homosexuels et promettait de « faire enfin éclater la vérité » au moyen d’un logiciel espion.

Contre un tarif variant entre 50 et 150 euros, le développeur de Fireworld fournissait à ses clients un logiciel que ces derniers pouvaient installer sur l’ordinateur de leur cible afin d’obtenir copie de toute leur activité numérique. Ces prestations lui ont permis d’accumuler un petit pactole : un peu plus de 30 000 euros.

A l’été 2017, ce site a attiré l’attention d’une association de lutte contre l’homophobie, puis de la secrétaire d’Etat à l’égalité femme-homme, Marlène Schiappa, et des médias, dont Le Monde.

Le développeur présumé de ce logiciel a depuis été identifié par les gendarmes. Lundi 14 janvier, ce jeune diplômé d’une école d’ingénieurs comparaissait à Paris pour avoir fabriqué et mis à disposition un logiciel espion, une activité extrêmement encadrée en France. Compte tenu de son casier judiciaire, vierge, il a été requis à son encontre un an de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende. Le jugement a été mis en délibéré au 4 février.

Il est peu fréquent que les développeurs de logiciel espion, a fortiori « grand public » comme l’était Fireworld, soient appréhendés et traduits devant la justice. L’enquête, menée par les gendarmes spécialisés du centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), a été d’autant plus fructueuse que ces derniers ont obtenu des éléments permettant de remonter aux clients de Fireworld, qui risquent des condamnations, l’utilisation d’un tel outil étant le plus souvent illégale. « Plusieurs dizaines » de procédures sont en cours dans toute la France, selon une source proche de l’enquête.