Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Aujourd’hui, Angélique, âgée de 18 ans, étudiante. Après d’importantes difficultés en seconde, elle a réussi son bac technologique, et veut désormais entrer en prépa.

« Quand je suis rentrée en classe de seconde, à Sceaux (Hauts-de-Seine), je me sentais heureuse d’avoir eu mon brevet, et prête à assurer cette nouvelle année scolaire. Elle s’est annoncée plus difficile que prévu. Le programme était lourd, il fallait travailler régulièrement. Je me suis accrochée. Mais il m’arrivait de rencontrer des difficultés en maths et en physique-chimie. Les profs l’ont remarqué et, au lieu de m’aider, m’enfonçaient. J’avais le sentiment qu’ils voulaient aider et faire avancer les meilleurs de la classe, tout en laissant les élèves en difficulté se débrouiller. Je n’ai jamais compris pourquoi. A quoi servent le collège et le lycée dans ce cas ?

Pourtant, je ne voulais pas abandonner. J’ai donc continué comme si de rien n’était. J’essayais de participer, mais des profs ne cessaient de me répéter : “Angélique, ça ne sert à rien de lever la main, tu n’y arriveras pas !” Au fur à et mesure des semaines, j’ai fini au fond de la classe, passive pendant la plupart des cours. J’ai doucement renoncé à travailler. Le mois d’octobre à peine achevé, il a fallu penser à un choix d’orientation. Evidemment, les filières générales m’étaient refusées. Pourtant, mes notes étaient très satisfaisantes dans les matières économiques et littéraires. Mais pour mes profs, je n’étais pas faite pour un bac général et encore moins pour les études. Or je savais et je sais que j’ai les moyens de réussir.

Un peu plus tard, on m’a imposé un rendez-vous avec la conseillère d’orientation. Comme je pensais qu’elle était là pour m’aider et me conseiller, je m’y suis rendue sans appréhension. La personne sur laquelle je suis tombée a eu la même attitude que mes professeurs. Elle n’avait pas mon dossier sous les yeux, mais m’a parlé des bacs professionnels et des BTS que je pouvais éventuellement envisager.

“Un bac pro, qu’en diriez-vous ? Quel domaine vous intéresse le plus ? Vous aimez la nature ? Alors je vous propose un BTS agriculture juste après votre bac.” Elle ne connaissait même pas les débouchés des bacs, des BTS et des licences qu’elle me proposait, les passerelles qu’il pouvait y avoir… J’ai dû tout chercher par moi-même. Notre conversation n’a servi à rien, peut-être juste à m’enfoncer encore un peu plus.

Sur le moment, j’étais déçue, attristée, accablée. Je me suis sentie inférieure aux autres et incapable de réussir. L’idée “d’être nulle” s’incrustait dans mon crâne. Ça m’a beaucoup empêchée de travailler. Tous mes espoirs et mes rêves se sont envolés. Car depuis toujours, ce que je veux, c’est soigner et aider, être médecin ou vétérinaire.

J’ai décidé d’aller en filière technologique. J’ai intégré une première ST2S (sciences et technologie de la santé et du social) et j’ai changé de lycée, pour aller à Paris. Au début, j’avais peur que la filière soit “trop facile” pour moi et que je m’ennuie. En réalité, j’avais les mêmes a priori que certains élèves et profs : filière technologique = nulle. Facile à avoir = aucun avenir.

Au bout de quelques semaines, je me suis rendue compte que ce nouveau lycée était parfait : les professeurs étaient conciliants, à notre écoute. Je sentais qu’ils ne venaient pas juste pour nous faire cours, mais pour nous aider et nous relever. Je me suis découvert une passion pour la biologie. Et j’ai réalisé que les matières (français, mathématiques, anglais, espagnol, histoire, philosophie…) enseignées en filière techno étaient tout aussi complexes qu’en filière générale.

Je me rappelle que quelques personnes, dont des ami.e.s, m’ont dit que j’avais fait une erreur. Que je m’étais embarquée dans n’importe quoi. Que je n’aurai aucun avenir… Puis, en grandissant, j’ai gagné en maturité, je suis passée outre ces remarques. J’ai travaillé pour avoir mon bac et l’obtenir, avec une mention si possible. Objectif atteint : j’ai eu mention Bien ! On peut dire que c’était un début de fierté. Un pas vers la confiance en soi et la réussite.

Aujourd’hui, j’ai 18 ans et je suis plus motivée que jamais. Je suis étudiante dans le DU Paréo (Diplôme universitaire passeport pour réussir et s’orienter), à l’université Paris-Descartes [une formation d’un an pour trouver son orientation]. Je compte faire l’année prochaine une classe préparatoire scientifique BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la terre).

Peut-être que sans toutes les remarques blessantes que j’ai subies, ma détermination n’aurait pas été aussi présente. Je veux prouver à mes anciens profs, ceux qui ne m’ont pas encouragée, que ce n’est pas mon type de bac mais mon travail, ma détermination et mon courage qui m’aideront à trouver ma voie et réussir. »

La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur Le Monde Campus et sur la-zep.fr.