Funérailles des 12 soldats tués à Nassoumbou, dans le nord sahélien du Burkina Faso, en décembre 2016 lors d’une attaque djihadiste. / AHMED OUOBA / AFP

Au moins quatre soldats burkinabés ont été tués, lundi 28 janvier, à Nassoumbou, dans le nord du Burkina Faso, au lendemain d’une autre attaque qui avait coûté la vie à 10 civils, alors que le pays est en proie à une explosion de la violence djihadiste.

« Des individus lourdement armés et non identifiés ont attaqué aux environs de 4 heures du matin la base militaire du Groupement des forces pour la sécurisation du Nord (GFSN), basé à Nassoumbou. Quatre éléments des forces de défense et de sécurité ont été tués et quatre autres, blessés », a déclaré à l’AFP une source sécuritaire burkinabée.

Selon une autre source sécuritaire, « les assaillants (….) arrivés à bord d’engins à deux roues ont également tiré avec des roquettes sur les installations au sein de la base militaire », déclenchant un incendie.

« Barkhane en appui aérien »

L’armée burkinabée a sollicité l’aide de la force française « Barkhane », qui a fait intervenir un avion Mirage depuis Niamey (Niger) et un hélicoptère Tigre de Gao (Mali), selon une source diplomatique. L’état-major français a confirmé l’appui aérien sans vouloir dévoiler « les moyens engagés ». Les Français n’ont pas tiré, mais ont réalisé un « show of force », passage à basse altitude destiné à intimider l’ennemi, a précisé l’état-major, soulignant qu’il n’y avait eu ni frappe ni tir.

« L’appui aérien aux opérations terrestres a permis de mettre en déroute les assaillants », a ajouté une source sécuritaire burkinabée, faisant état de la « neutralisation » de nombreux assaillants et précisant que « les terroristes se sont repliés en direction de la frontière malienne ».

En décembre 2016, douze soldats burkinabés avaient été tués dans une attaque contre cette même base militaire de Nassoumbou, dans la région du Sahel, attaque qui avait traumatisé le pays. Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières.

Dimanche, dix civils ont été tués dans une « attaque terroriste » à Sikiré à moins de 100 km de Nassoumbou. Selon un élu local qui a souhaité rester anonyme, « les assaillants, armés de kalachnikovs, ont fait plusieurs tours dans le village et ouvert le feu sur les habitantsIls ont saccagé et incendié des boutiques, des commerces et emporté des motocyclettes et un tricycle. Toute la journée, les populations sont restées chez elles », gagnées par la « psychose de ces attaques qui se multiplient dans la zone ».

La France, qui a « condamné avec la plus grande fermeté l’attaque » contre Sikiré, s’est dite « préoccupée par l’augmentation des attaques visant les forces de sécurité et les populations civiles dans ce pays » et « déterminée à poursuivre son appui aux efforts du président Kaboré et du nouveau gouvernement pour lutter contre ce fléau », dans un communiqué du Quai d’Orsay.

Le 10 janvier, douze civils avaient été tués dans le village de Gasseliki, une autre localité du Soum.

Etat d’urgence dans 14 provinces

D’abord concentrées dans le nord du pays, près de la frontière malienne, les attaques se sont ensuite étendues à d’autres régions dont celle de l’Est, frontalière du Togo et du Bénin.

Attribuées notamment aux groupes djihadistes Ansaroul Islam et Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), elles ont fait plus de 285 morts depuis 2015 et entraîné la chute du régime de Blaise Compaoré, qui entretenait notoirement des relations avec des groupes islamistes.

Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts. La dernière attaque, en mars 2018, avait dévasté l’état-major général des armées, en plein centre-ville.

Depuis le 1er janvier, l’état d’urgence a été décrété dans 14 provinces sur 45, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour comme de nuit.

Jadis touristiques, des zones entières du Burkina, pays sahélien très pauvre frontalier du Mali, sont désormais classées « rouge » par les chancelleries occidentales en raison des attaques récurrentes et des risques d’enlèvements.

Face à la multiplication des attaques que les forces de défense sont incapables d’enrayer, le président Roch Marc Christian Kaboré a limogé mi-janvier le chef d’état-major des armées et remplacé la semaine dernière des ministres chargés de la défense nationale et de la sécurité.