Le président Nicolas Maduro était confronté, mardi 29 janvier, à une pression croissante des Etats-Unis, qui ont brandi la menace de « sanctions supplémentaires » et donné de nouveaux gages à son opposant Juan Guaido, auquel le régime vénézuélien veut interdire de quitter le pays.

« Nous recherchons toujours des sanctions supplémentaires (…) afin de s’assurer que nous protégeons les actifs du pays pour le peuple du Venezuela », a affirmé le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin. « Il n’y a pas de doute que nous essayons de couper les fonds au régime », a-t-il reconnu. Lundi, les Etats-Unis avaient déjà serré la vis sur le pétrole vénézuélien en visant la compagnie pétrolière PDVSA, à laquelle ils ont interdit de faire du commerce avec des entités américaines et dont ils ont gelé les avoirs à l’étranger.

Caracas vise Guaido

Le département d’Etat américain a en outre annoncé, mardi, que les Etats-Unis avaient formellement donné à l’opposant vénézuélien Juan Guaido, autoproclamé président et dont ils ont reconnu l’autorité, le contrôle des comptes bancaires de son pays sur leur territoire. Furieux des sanctions américaines, Nicolas Maduro a réagi en lançant : « Le sang qui peut couler au Venezuela sera sur vos mains, Donald Trump. »

Impuissant face au géant américain, le régime de Maduro a choisi de s’attaquer à Juan Guaido. Le procureur général, Tarek William Saab, a ainsi annoncé l’ouverture d’« une enquête préliminaire » et demandé l’application de « mesures de précaution » contre M. Guaido, dont « l’interdiction de sortir du pays » et « le blocage de ses comptes ».

Déterminé à provoquer le départ de M. Maduro, le Parlement vénézuélien, dirigé par Juan Guaido, 35 ans, se réunissait mardi pour débattre d’un « plan de sauvetage du pays » et de la possibilité d’« élections libres et transparentes ». Des tensions étaient perceptibles peu avant le début de la session, alors que des militants chavistes s’étaient réunis face au Parlement.

Juan Guaido appelle en outre à manifester mercredi puis samedi, alors que tous les regards sont tournés vers son pays, en plein naufrage économique. La communauté internationale redoute une catastrophe humanitaire au Venezuela, qui se débat entre hyperinflation (10 000 000 % en 2019 selon le FMI) et graves pénuries de nourriture et de médicaments.

Bataille diplomatique

Dans le camp des partisans de Maduro, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fustigé les sanctions « illégales » de Washington. La Russie a investi des milliards de dollars dans les hydrocarbures et les armes au Venezuela. Principal créancier de Caracas, la Chine s’est elle aussi dite « opposée » à ces sanctions qui « vont mener à une détérioration dans la vie de la population au Venezuela ». Outre Pékin et Moscou, Nicolas Maduro reste soutenu par la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba.

Mais de plus en plus de voix se rallient à Juan Guaido, notamment en Europe où six pays (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné jusqu’à dimanche au président socialiste pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire. Les manifestations d’opposants ont fait plus de quarante morts en une semaine, a affirmé l’ONU mardi. L’ONG vénézuélienne Provea a fait état d’au moins trente-cinq morts, mais a aussi évoqué huit « exécutions illégales » lors d’opérations policières.

Des dissensions se font jour au sein de l’armée

Juan Guaido a affirmé avoir « discuté avec le président » Donald Trump, commencé à prendre le contrôle des actifs du Venezuela à l’étranger et entamé « le processus de nomination des comités de direction de PDVSA et Citgo », filiale de raffineries aux Etats-Unis. Caracas dispose des plus importantes réserves de brut au monde, même si sa production a fondu par manque d’entretien des installations.

Le deuxième angle d’attaque de l’opposition et de Washington est l’armée, l’autre pilier qui maintient au pouvoir le chef de l’Etat depuis 2013 mais où des dissensions ont commencé à apparaître. John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a exhorté l’armée à accepter une transition « pacifique, démocratique et constitutionnelle » du pouvoir.

Et Juan Guaido a offert l’amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir. Mardi, il a lancé sur Twitter un appel aux fonctionnaires de la justice : « A ceux qui sont au siège du Tribunal suprême : le régime est dans sa phase finale, c’est inéluctable, et vous n’avez pas à vous sacrifier pour l’usurpateur [Maduro] et sa bande ! »