Carlos Ghosn, à Paris, le 1er octobre 2018. / Regis Duvignau / REUTERS

« Je ne fuirais pas, je me défendrai. » Dans un entretien au quotidien japonais Nikkei, publié mardi 30 janvier, l’ex-dirigeant de Nissan et Renault Carlos Ghosn prend la parole dans la presse pour la première fois depuis son arrestation et son incarcération, le 19 novembre à Tokyo.

« Le projet d’intégrer » Renault, Nissan et Mitsubishi Motors avait été abordé avec le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, en septembre 2018, a affirmé le dirigeant de 64 ans, disant n’avoir « aucun doute » sur le fait que les accusations portées à son encontre, qu’il a de nouveau rejetées, sont le résultat d’un « complot et d’une trahison ». Nissan a aussitôt réagi en rappelant que M. Saikawa avait « déjà catégoriquement réfuté la notion de coup d’Etat ».

L’enquête menée dans le secret par le groupe depuis l’été 2018 a « mis au jour des preuves significatives et convaincantes de malversations », a ajouté le constructeur japonais dans une déclaration transmise à l’Agence France presse.

Carlos Ghosn affirme également que les accusations de versements frauduleux par Nissan-Mitsubishi, pour lesquels il est mis en examen, sont une « déformation de la réalité ». Une version déjà exposée devant le tribunal de Tokyo, lors de sa première audition, le 8 janvier : Carlos Ghosn s’était alors défendu en assurant être « accusé à tort et détenu de manière injuste », et déclarait avoir agi « avec l’approbation des dirigeants de la compagnie ».

« Bonne santé »

Dans l’interview donnée à Nikkei, dont il a pu rencontrer un journaliste pendant une vingtaine de minutes dans le centre de détention où il est incarcéré, il balaye également les accusations selon lesquelles il aurait dirigé, pendant dix-neuf ans, le groupe Nissan comme une « dictature ».

Interrogé sur sa vie en prison, Carlos Ghosn a déclaré passer par « des hauts et de bas », tout en assurant être en « bonne santé ».

Carlos Ghosn fait l’objet de trois inculpations pour abus de confiance et minoration de revenus aux autorités boursières sur la période 2010 à 2018. Il devrait rester en détention préventive au moins jusqu’au 10 mars, ses demandes de remise en liberté n’ayant, pour l’instant, pas abouti. Il risque jusqu’à quinze ans de prison.

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