L’avis du « Monde » – à voir

Quand tombent les premières neiges, il n’est d’autre urgence que de préparer ses réserves pour l’hiver. Au point qu’entièrement occupées à cette tâche, les bestioles en oublient parfois la prudence. Telle la petite coccinelle qui, dans les hangars d’un aéroport, se retrouve piégée dans un carton à destination de la Guadeloupe. Quelques heures et milliers de kilomètres plus tard, la voilà débarquée dans un lieu d’emblée hostile à la pauvre bête.

La chaleur qui l’accable n’est rien cependant, au vu de ce qui l’attend. L’île peuplée d’insectes voraces et de plantes carnivores recèle une multitude de dangers auxquels la pauvre expatriée n’est pas préparée. Heureusement, la coccinelle peut compter sur son père qui, avec l’aide de ses amis la fourmi noire et l’araignée casanière, ne tarde pas à entreprendre le voyage pour voler à son secours. S’engage alors une course-poursuite qui ne laisse aucun répit aux héros et à leurs ennemis. Minuscule 2. Les Mandibules du bout du monde joue sa carte sur ce récit épique dans lequel il puise un souffle nouveau qui le différencie, à bon escient, du premier opus.

Une odyssée inventive et drôle

Dans Minuscule. La Vallée des fourmis perdues (long-métrage sorti en 2014), deux bandes rivales de fourmis se crêpaient férocement le chignon pour une boîte de sucre. Une guerre filmée à hauteur d’herbe et de racines, l’œil rivé au sol, à la façon des documentaires animaliers. En entreprenant le voyage vers les Caraïbes, Minuscule 2. Les Mandibules du bout du monde prend de la hauteur et emprunte une autre voie, celle du récit d’aventure. Les deux auteurs, Thomas Szabo et Hélène Giraud, l’ont voulu ainsi, soucieux avant tout de se renouveler, plutôt que de se reposer sur leurs lauriers et le César qui, en 2015, avait couronné leur premier film d’animation.

Trois personnages – la coccinelle, la fourmi et l’araignée – se retrouvent dans les deux films. Au même titre que la drôlerie, la magnificence des paysages, l’inventivité du récit, de l’image et des bruitages. Demeure également le procédé cinématographique qui consiste à tourner en décors réels et à y intégrer, ensuite, les insectes filmés en images de synthèse. Ce lien assure une continuité que le cadre ouvre, cependant, à d’autres horizons et à un champ plus large des possibles.

Le dépaysement bouscule les petits héros du film. Il semble aussi avoir créé chez les auteurs une véritable jubilation

Car en les entraînant dans les airs, sur les mers, dans le ventre d’un requin ou dans des grottes, Minuscule 2. Les Mandibules du bout du monde expose ses bestioles à un autre bestiaire et à de nouvelles péripéties. Le dépaysement bouscule les petits héros du film. Il semble aussi avoir créé chez les auteurs une véritable jubilation, si l’on en juge par le nombre de pistes qu’emprunte le récit, à la fois conte fantastique, odyssée et fable écologique. Et la liberté de mouvement que s’autorise la mise en scène, plus ample et plus fluide que dans le premier volet.

L’histoire n’évite pas toujours les digressions trop longues qui en font parfois perdre un peu le cap. Qu’importe. Les bébêtes retombent toujours sur leurs pattes. La magie qui s’opère dans cette rencontre de l’infiniment grand et de l’infiniment petit reste intacte. Et, dans ce virage qui l’emmène sous les tropiques, la saga produite par la société française Futurikon continue d’enchanter.

BANDE ANNONCE - MINUSCULE 2
Durée : 01:44

Film d’animation français de Thomas Szabo et Hélène Giraud. Avec Thierry Frémont, Franck Benezech (1 h 32). Sur le Web : www.le-pacte.com/france/prochainement/detail/minuscule-2-les-mandibules-du-bout-du-monde/