Jerome Rodrigues, l’une des figures de proue du mouvement des « gilets jaunes », lors d’une conférence de presse à Paris, le 30 décembre. / BERTRAND GUAY / AFP

Une vidéo amateur diffusée par l’émission de TMC « Quotidien » et le rapport d’un policier relancent l’hypothèse d’un tir de lanceur de balles de défense (LBD) avant la blessure de Jérôme Rodrigues, samedi 26 janvier, place de la Bastille à Paris.

Hospitalisé après avoir été touché à l’œil droit lors de l’acte XI de la mobilisation des « gilets jaunes », M. Rodrigues, une figure du mouvement, assure avoir été notamment atteint par un tir de LBD, une arme accusée d’avoir éborgné plusieurs manifestants et dont l’usage fait l’objet d’une polémique croissante.

Dix-huit tirs de LBD recensés samedi place de la Bastille

L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », a été saisie et les autorités ont jusqu’à présent émis des réserves sur le scénario avancé par M. Rodrigues.

Dimanche, le secrétaire d’Etat à l’intérieur, Laurent Nuñez, avait affirmé ne pas disposer d’éléments attestant cette théorie, tout en appelant à être « prudent » et en ajoutant que dix-huit tirs de LBD avaient été recensés samedi place de la Bastille.

Selon Le Parisien qui a révélé l’information, mercredi soir, un policier en poste dans une compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) a finalement reconnu, dans un rapport adressé mardi à sa hiérarchie, s’être servi de son LBD au moment où M. Rodrigues a été blessé, sans pour autant qu’un lien entre le tir et la blessure à l’œil soit formellement établi.

Comme l’impose la procédure, ce tir avait été préalablement signalé parmi les dix-huit utilisations de LBD recensées, mais l’horaire renseigné n’était pas le bon.

« Nous avons eu connaissance de ce rapport aujourd’hui [mercredi]. Il a été immédiatement transmis à l’IGPN. Aucun élément contenu dans cette note ne permet d’affirmer ou d’infirmer l’une ou l’autre des thèses », a affirmé auprès de l’Agence France-presse (AFP) le ministère de l’intérieur. « C’est à l’IGPN qui mène l’enquête sous l’autorité du parquet de Paris, qu’il appartient d’établir les faits. Le ministère de l’intérieur communiquera à l’IGPN l’ensemble des documents dont il aura connaissance », a poursuivi la Place Beauvau.

Deux vidéos

Diffusée mardi soir par « Quotidien », une vidéo semble également montrer qu’un projectile a bien été tiré par un des policiers présents sur la place de la Bastille à quelques mètres de M. Rodrigues et avant que celui-ci ne s’écroule au sol.

Sur ces images de qualité moyenne, on voit un policier épauler ce qui ressemble à un LBD dont le canon laisse alors échapper une petite fumée. Sur une autre vidéo de meilleure qualité filmée au même moment, deux bruits sont entendus : l’explosion sourde d’une grenade puis le tir sec typique d’un LBD.

« Les vidéos diffusées hier soir n’attestent en aucun cas qu’un tir de LBD a été dirigé contre M. Rodrigues », a commenté le ministère de l’intérieur auprès de l’AFP. Ces vidéos ont été portées au dossier.

Mardi, sur BFMTV, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a simplement reconnu qu’il y avait eu « l’envoi d’une grenade de désencerclement » avant que le militant ne soit blessé. « C’est le seul fait constaté », a-t-il estimé, disant attendre « tous les éléments de l’enquête ».

« Pour chacun des tirs, non seulement ils ont été filmés mais en plus ils font l’objet d’un rapport le soir. C’est l’obligation que j’ai donnée aux policiers et je sais qu’ils la respectent. S’ils ne la respectent pas ou s’ils ne l’ont pas respectée et qu’ils nous l’ont caché, il y a une faute et ils seront sanctionnés, partout en France », avait-il ajouté.