Le centre de détention de Kosuge, à Tokyo, où Carlos Ghosn est incarcéré depuis le 19 novembre. / MARTIN BUREAU / AFP

Après la presse japonaise mercredi, Les Echos et l’Agence France presse publient à leur tour, jeudi 31 janvier, une interview de Carlos Ghosn. Arrêté au Japon le 19 novembre pour des malversations financières présumées, l’ancien dirigeant se montre combatif et fustige sa détention prolongée.

« Je veux me battre pour rétablir ma réputation et me défendre contre de fausses accusations. On m’a refusé la libération sous caution, ça n’arriverait dans aucune autre démocratie. J’ai fait tout ce que je pouvais pour montrer que je n’allais pas m’enfuir et pour les rassurer sur le fait que je ne détruirai aucune preuve. »

Dans un parloir du centre de détention de Kosuge, à Tokyo, où il est emprisonné depuis le 19 novembre, l’ancien patron du constructeur automobile japonais Nissan et de Renault dénonce ses conditions d’incarcération :

« Quand je dors la nuit, la lampe est toujours allumée. Je n’ai même pas de montre. Pas de notion du temps. J’ai seulement trente minutes par jour pour sortir sur le toit. L’air frais me manque tant. Oui, je suis fort, mais je suis fatigué de tout ça. Le pire, c’est que je ne peux pas parler à ma famille. »

« Comment puis-je me défendre ? »

Il dénonce aussi l’attitude de Nissan : « J’ai face à moi une armée chez Nissan, des centaines de personnes se consacrent à cette affaire, soixante-dix au bureau du procureur et je suis en prison depuis plus de soixante-dix jours. Je n’ai pas de téléphone, pas d’ordinateur, mais comment puis-je me défendre ? »

Il poursuit :

« Chez Nissan, il y a beaucoup de gens dont le rôle est discutable, étrange. C’est très surprenant, alors qu’on me refuse tout droit de me défendre. Je parle d’équité. J’aime le Japon, j’aime Nissan, j’ai consacré tant d’années à relancer l’entreprise, à la reconstruire, à la transformer. Je n’ai rien contre la compagnie. »

Bâtisseur de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn déclare qu’il voulait aller plus loin dans l’intégration des trois groupes, mais s’est heurté à une « résistance » chez Nissan. « L’objectif était clair et il y avait une résistance dès le début, mais quelles sont les options pour assurer la stabilité de l’alliance ? »

Carlos Ghosn justifie aussi sa décision de démissionner de ses fonctions de président-directeur général (PDG) de Renault par la nécessité de donner au groupe une gouvernance plus pérenne, mais regrette de n’avoir pu s’en expliquer devant le conseil d’administration.

« On ne pouvait pas maintenir Renault dans une situation où la gouvernance était temporaire. Quand j’ai appris que ma caution était de nouveau refusée, j’ai décidé de démissionner. »

Jean-Yves Leborgne, avocat français de Carlos Ghosn, espère que l’ancien PDG de Renault pourra bénéficier d’une libération sous caution, bien que cette demande ait été régulièrement rejetée depuis son arrestation. « J’ose l’espérer, car si elle n’était plus possible, on serait dans une situation éminemment regrettable », a-t-il déclaré sur RTL.

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