Le chef de l’opposition et président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido (au centre), durant une manifestation contre le gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas, le 30 janvier 2019. / LUIS ROBAYO / AFP

La pression venant de l’Europe s’accroît sur Nicolas Maduro. Alors que le président vénézuélien refuse de remettre son mandat en jeu, les soutiens à son opposant, Juan Guaido, se multiplient sur le Vieux Continent. Jeudi 31 janvier, le Parlement européen a franchi le pas, reconnaissant Juan Guaido comme « président par intérim légitime » de son pays.

Encore inconnu du grand public il y a un mois, Juan Guaido, 35 ans, à la tête du Parlement vénézuélien, s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier. Conséquence, selon lui, du fait que l’opposition – comme nombre de pays – ne reconnaît pas le second mandat de Nicolas Maduro, commencé le 10 janvier.

  • Le Parlement européen reconnaît Guaido comme président

Les eurodéputés ont reconnu jeudi M. Guaido « comme président par intérim légitime de la République bolivarienne du Venezuela » et ont apporté leur « soutien entier » à son programme, dans une résolution proposée en commun par les principaux groupes politiques et approuvé à une large majorité (439 pour, 104 contre, 88 abstentions).

Ils ont également appelé la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, « et les Etats membres à adopter une position ferme et unifiée et à reconnaître Juan Guaido comme seul président par intérim légitime du pays ». Cette reconnaissance de l’opposant vénézuélien s’exercera « jusqu’à la tenue de nouvelles élections présidentielles libres, transparentes et crédibles en vue de rétablir la démocratie », ont-ils souligné dans le texte.

Les Vingt-Huit avaient indiqué samedi que l’Union européenne (UE) prendrait « de nouvelles mesures » si une élection présidentielle n’était pas convoquée « dans les prochains jours » au Venezuela. Mais ils n’avaient pas franchi le pas d’une reconnaissance collective, même conditionnelle, de Juan Guaido.

  • L’ultimatum rejeté de six pays européens

Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné à Nicolas Maduro jusqu’à dimanche pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme le seul président légitime du pays – comme l’ont déjà fait les Etats-Unis, le Canada et la grande majorité des pays d’Amérique latine.

Nicolas Maduro a rejeté cet ultimatum. Mercredi, devant les micros de l’agence de presse russe RIA Novosti, le président en place, réélu en mai 2018 au terme d’un scrutin boycotté par les principaux partis de l’opposition, a assuré qu’il n’accepterait « les ultimatums de personne dans le monde ». « L’élection présidentielle a eu lieu il y a moins d’un an, il y a dix mois. Elle a eu lieu selon toutes les règles constitutionnelles et légales, et si les impérialistes veulent de nouvelles élections, qu’ils attendent 2025 », a-t-il averti.

En revanche, l’héritier d’Hugo Chavez a laissé entendre qu’il était disposé à organiser des législatives anticipées et à s’asseoir à la table des négociations avec l’opposition.

  • Londres soutient l’idée de « sanctions ciblées »

Alors qu’une réunion informelle des ministres européens des affaires étrangères doit se tenir à Bucarest ce jeudi, le Royaume-Uni s’est dit favorable à des « sanctions ciblées » contre des individus au Venezuela, afin d’accroître la pression sur Nicolas Maduro pour l’organisation d’élections.

« Nous n’envisageons pas de sanctions contre le pays dans son ensemble parce qu’il y a une crise humanitaire, et nous ne voulons pas aggraver la situation, a déclaré jeudi le ministre britannique des affaires étrangères, Jeremy Hunt, dans un communiqué. Mais des sanctions ciblées contre les kleptocrates qui se sont enrichis sur le dos du reste de la population qui est très pauvre, c’est quelque chose qui, je pense, peut-être efficace. »

« Ce que je veux que nous fassions, c’est mettre la pression sur Maduro, et j’exhorte les ministres des affaires étrangères de l’UE à faire de même », a-t-il insisté. Un porte-parole du ministère des affaires étrangères a précisé que M. Guaido avait demandé à l’UE d’envisager des « sanctions » si des élections n’étaient pas organisées.

Venezuela : le point sur la crise politique
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