L’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler, visite le camp de réfugiés d’Aousserd, le 18 octobre 2017, à Tindouf, en Algérie. / RYAD KRAMDI / AFP

L’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler, va rencontrer en février les quatre parties au conflit et convoquer en mars une nouvelle table ronde, après la reprise d’un dialogue multilatéral en décembre jugé encourageant par tous comme par le Conseil de sécurité. La première rencontre quadripartite – Maroc, Front Polisario, Algérie et Mauritanie – a été « très positive » et « l’environnement est bon », ont commenté mardi 29 janvier les ambassadeurs sud-africain, Jerry Matthews Matjila, et français, François Delattre, après une session à huis clos de la plus haute instance de l’ONU au cours de laquelle l’émissaire onusien a rendu compte de ses travaux.

Nouveau membre non permanent depuis le 1er janvier, l’Afrique du Sud soutient les revendications de référendum et d’indépendance du Front Polisario, avec lequel elle entretient des relations diplomatiques. La France appuie, de son côté, la position du Maroc qui refuse tout référendum et toute autre solution pour le Sahara occidental qu’une autonomie sous souveraineté marocaine.

Lors des consultations du Conseil de sécurité, selon des diplomates, l’émissaire de l’ONU a indiqué vouloir organiser la prochaine table ronde en mars, mais n’a précisé ni la date ni le lieu. A l’occasion d’une rencontre mardi avec quelques journalistes, dont l’AFP, le représentant diplomatique du Front Polisario à l’ONU, Sidi Omar, a regretté que le Maroc n’ait pas répondu favorablement en décembre à des offres de « mesures de confiance » – libération de prisonniers, ouverture de l’accès au Sahara à des observateurs et des organisations de défense des droits de l’homme…

« Ne perdre personne en route »

« Pour nous, c’est un signe de manque d’intérêt et un manque de volonté d’aller de l’avant », a-t-il précisé. Nous souhaitons voir des progrès rapides avec cette nouvelle dynamique » créée par l’unité du Conseil de sécurité et « l’excellent travail jusqu’à présent » de Horst Köhler dans « un processus qui n’est pas facile. »

L’émissaire de l’ONU « est très prudent dans son approche, ne veut perdre personne en route », a expliqué à des journalistes l’ambassadeur allemand à l’ONU, Christoph Heusgen, à propos de l’ancien président allemand. « Ce qu’il nous faut maintenant, c’est réaliser des progrès » et Horst Köhler dispose d’un large soutien au Conseil de sécurité pour des « mesures de confiance : déminage, réunion des familles dispersées… », a ajouté le diplomate allemand. Les discussions début décembre à Genève étaient les premières depuis six ans.

Selon plusieurs diplomates, à la différence de précédentes négociations, elles se sont déroulées dans une « très bonne atmosphère », « un très bon climat », une « grande cordialité », « chacun écoutant l’autre ». Des rires ont même parfois fusé lors d’échanges. Les repas en commun, notamment une fondue suisse, ont marqué plusieurs participants.

Le Front Polisario a proclamé en 1976 une République arabe sahraouie démocratique (RASD) avec le soutien de l’Algérie et de la Libye. Le Maroc contrôle dans les faits 80 % de ce territoire désertique de 266 000 km2. L’ONU maintient dans la région une force de casques bleus, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), qui garantit un cessez-le-feu depuis 1991 entre Maroc et Front Polisario.