Le président nigérien Mahamadou Issoufou en décembre 2018 à Abuja, au Nigeria. / Afolabi Sotunde/REUTERS

L’influent ministre des finances du Niger, Hassoumi Massoudou, a été limogé, remplacé par Mamoudou Diop, un ex-cadre de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a annoncé la télévision nationale, jeudi soir 31 janvier, citant un communiqué du gouvernement.

Le communiqué ne précise pas les raisons du remplacement de M. Massoudou, un homme de confiance du chef de l’Etat, Mahamadou Issoufou, réélu en mars 2016 pour un second quinquennat.

Considéré comme l’un des piliers du régime, Hassoumi Massoudou a été le directeur de cabinet du président Issoufou (2011-2013) et a successivement occupé les postes clés de l’intérieur (2013-2016) et de la défense (d’avril à octobre 2016). Agé de 61 ans, il est un membre influent du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), le principal parti au pouvoir, dont il est le secrétaire général.

Une source au sein du PNDS a assuré à l’AFP que Massoudou a été limogé par le président nigérien pour avoir affiché ses ambitions présidentielles pour 2021, au mépris de « la discipline » du parti. Depuis quelques semaines, la presse locale et les réseaux sociaux font état de la volonté de M. Massoudou d’être le candidat à la succession d’Issoufou, qui ne pourra se représenter, selon la Constitution.

Cette source évoque même « des tensions » au sein du PNDS, même si M. Massoudou, actuel secrétaire général du parti, n’a pas publiquement dévoilé ses intentions.

« Il y a eu de la précipitation » dans l’annonce de cette éventuelle « candidature » et « plusieurs fois on lui a dit qu’il était trop tôt », « de laisser tomber », a expliqué à l’AFP ce responsable qui a requis l’anonymat.

« Uraniumgate »

« Le mot d’ordre, c’est la discipline qui a conduit le PNDS au pouvoir » en 2011 après de nombreuses années d’opposition. « Ce n’est donc pas maintenant qu’il faut mettre cette discipline à mal », a souligné cette source.

M. Massoudou a été limogé alors qu’il effectuait une mission à Maradi (centre-sud), la capitale économique du pays, selon la radio publique.

En 2018, le Fonds monétaire international (FMI) avait salué « les performances macroéconomiques » du Niger, un pays sahélien très pauvre, où la loi des finances de 2018 avait été fortement contestée par l’opposition et la société civile qui la jugeaient « antisociale ».

La fronde contre le budget avait dégénéré en heurts violents entre manifestants et forces de l’ordre dans la capitale et plusieurs grandes villes.

Niamey est engagé dans une vaste campagne de recouvrement d’impôts pour améliorer ses recettes, dont une bonne partie sert à financer la lutte contre le terrorisme.

Le nom de M. Massoudou avait été cité dans la médiatique affaire de l’« uraniumgate » en 2017, qui avait donné lieu à un virement de 319 millions de dollars (278 millions d’euros) des comptes à Paris d’une société publique nigérienne vers un compte à Dubaï.

Un collectif d’organisations de la société civile nigérienne avait alors demandé la démission de M. Massoudou et l’ouverture d’une enquête judiciaire. Le ministre s’était défendu en dénonçant une « manipulation de l’opposition ».