Un boucher coupe une pièce de bœuf sur un marché de Gdynia, en Pologne, le 31 janvier. / MATEJ LESKOVSEK / REUTERS

795 kg de viande impropre à la consommation. De la viande avariée polonaise a été retrouvée dans neuf entreprises du secteur agroalimentaire en France, a annoncé vendredi 1er février le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume. « Cent cinquante kilos ont déjà été récupérés » dans les entreprises françaises de transformation « dupées », a-t-il assuré.

Le ministre était interrogé sur CNews au surlendemain de l’annonce par le parquet d’Ostroleka, en Pologne, de l’ouverture d’une enquête sur l’abattage et la commercialisation de bovins malades par un abattoir local. Selon l’Inspection vétérinaire polonaise, 2,7 tonnes de viande de bovins malades illégalement abattus en Pologne ont été exportées dans dix pays européens, dont la France.

« Je pense que dans la journée on saura où on en est » pour les 650 kg restant, « la traçabilité des produits lorsqu’ils arrivent en France marche plutôt bien », a assuré le ministre. « On ne sait pas s’ils sont partis dans le commerce, cela a pu rester dans des frigos. » « C’est une fraude terrible, une fraude économique, une fraude sanitaire d’un abattoir polonais », a expliqué M. Guillaume, assurant avoir « mis toutes [ses] équipes dessus » depuis mercredi soir.

Visiblement impropre à la consommation

Le commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, a annoncé une inspection en Pologne la semaine prochaine. Il a appelé les autorités polonaises à assurer le respect des normes européennes, alors que le pays reste un grand exportateur de viande en Europe. La Pologne produit environ 560 000 tonnes de bœuf par an, dont 85 % sont exportés.

L’affaire a été révélée par l’enquête d’un journaliste de la chaîne polonaise TVN24, qui a passé trois semaines dans l’abattoir de Kalinowo. Il a publié des images de bovins traînés la corde au cou, manifestement malades, serrés dans un camion, puis de carcasses entassées et de quartiers de viande visiblement impropres à la commercialisation.

Le ministre polonais de l’agriculture a reconnu la fraude en soulignant qu’il s’agissait d’un « incident isolé ». « Nous avons affaire à une pathologie : sur un site, des vaches malades étaient abattues à l’insu et sans le feu vert des vétérinaires », a-t-il affirmé à la chaîne publique TVP Info.

2,7 tonnes vendues en Europe

Le responsable des services vétérinaires polonais, Pawel Niemczuk, avait de son côté déclaré que 7 tonnes de viande provenant de cet abattage avaient été distribuées dans une vingtaine de points de vente en Pologne.

Dans l’Union européenne, 2,7 tonnes de viande avariée ont été vendues à la Finlande, la Hongrie, l’Estonie, la Roumanie, la Suède, la France, l’Espagne, la Lituanie, le Portugal et à la Slovaquie. Les autorités slovaques ont d’ailleurs annoncé avoir découvert au moins trois cargaisons de viande de bœuf importées de Pologne, qu’elles estiment liées à cette affaire.