« Je pense de ma tête » (2016), d’Amadou Sanogo. / GALERIE MAGNIN-A

C’est tout de suite évident : il y a un style Amadou Sanogo, spécifique, intense et sans précédent. Une ou plus rarement deux figures humaines occupent la toile, dont le fond est un monochrome. Souvent, celui-ci est largement recouvert par un rectangle ou un carré, monochrome ou tapissé de points ou de petits cercles méthodiquement répétés. Dans l’espace ainsi construit par la couleur vit un être anthropomorphe quoique géométrisé ou étiré, vu de face ou de profil. Il est tantôt complet et disproportionné, tantôt acéphale ou réduit à sa moitié inférieure. Sa substance est suggérée tantôt par des frottis gestuels, tantôt par une forme générale continue ponctuée de points et taches.

Ses activités sont variées : attendre assis sur tabouret, se doucher, souffler dans une trompe, faire face à sa tête détachée de son cou. Toutes sont symboliques. La douche fait allusion à la corruption qui inonde la société malienne − Sanogo vit à Bamako, étant né à Ségou en 1977. Le boxeur et le footballeur ont, littéralement, perdu leur tête, mais gardé leurs chaussures à crampons, car, dit l’artiste, il faut bien tenir au sol pour survivre. Le musicien attend que le souffle du chant se lève en lui. Sanogo a inventé une forme de chronique picturale du quotidien, qui commence par charmer le regard avant de se révéler vivement critique ou satirique.

Amadou Sanogo, galerie Magnin-A, 118, boulevard Richard-Lenoir, Paris 11e. Tél. : 01-43-38-13-00. Du mardi au samedi de 14 heures à 19 heures Jusqu’au 30 mars.

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