LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, « La Matinale » s’intéresse au son et à la musique. Les cinéphiles découvriront le discret mais indispensable métier de bruiteur, les mélomanes se régaleront de « Troyens » de toute beauté, les nostalgiques réécouteront la voix chantante de Michel Legrand dans une sélection d’hommages disponibles en replay ou en podcast.

Tous les bruits du cinéma

« Ecouter le cinéma », sur Arteradio.com. / ARTERADIO.COM

Il faut le voir, ou plutôt l’entendre, pour le croire. Comment, avec trois fois rien (une bassine d’eau, une affiche plastifiée, quelques poireaux), tout un monde se déploie : la pluie qui tombe, le vent qui souffle, le cri des mouettes, et hop, soudain, l’horizon s’élargit et l’aventure peut commencer.

En cinq épisodes d’une vingtaine de minutes, Laetitia Druart s’intéresse de plus près à ces bruiteurs, monteurs, compositeurs, ou encore, mondialisation oblige, sound designers qui travaillent pour le cinéma.

L’intérêt de ce podcast fort réussi est que, au-delà des anecdotes, c’est tout un métier qui se dévoile. Tels des cuisiniers, elles et ils jaugent, dosent. Il leur faut trouver la bonne matière, la bonne épaisseur, le bon geste. Métier artisanal donc, et largement empirique… pour un son trafiqué et pourtant si réaliste. Ainsi, quand Judith Guittier manipule d’inoffensives endives pour produire le son d’os craquant sous la torture (pour Total Western, d’Eric Rochant), elle manque tourner de l’œil : « C’était insoutenable », dit-elle. Souterrains, les sons agissent souvent davantage sur l’inconscient que sur le conscient, plongeant le spectateur « dans l’ambiance », quelle qu’elle soit. A l’heure du tout-écran, on en aurait presque oublié ce pouvoir incroyable. Emilie Grangeray

« Ecouter le cinéma », de Laetitia Druart (5 × 20 minutes). Les trois premiers épisodes sont disponibles sur Arteradio.com

« Les Troyens », pour célébrer les 350 ans de l’Opéra de Paris

« Les Troyens », de Hector Berlioz, sur Artetv / SAISIE D'ECRAN / ARTE.TV

Hector Berlioz (1803-1869), l’un des trois grands génies, avec Jean-Philippe Rameau et Claude Debussy, de la musique française, eut à batailler avec la gigantesque partition qu’est devenue Les Troyens (1863). Et pour l’imposer, il ne put compter sur Benvenuto Cellini (1838) et La Damnation de Faust (1846) qui furent des fours à leur création (alors que La Damnation est devenue depuis une référence du patrimoine lyrique français).

Berlioz n’entendit et ne vit jamais à la scène ses Troyens autrement que de manière tronquée et partielle, et c’est en 1920 seulement que l’ouvrage fut donné pour la première fois en intégralité, en français et en une même soirée.

Pour le 350e anniversaire de l’Opéra de Paris, pour les 30 ans de l’Opéra-Bastille et aussi pour le 150e anniversaire de la disparition du compositeur, il paraissait s’imposer que soit programmée cette œuvre protéiforme et géniale, en cinq actes répartis en deux parties (« La Prise de Troie » ; « Les Troyens à Carthage ») qui trouve sa source dans les formules transmises par le classicisme que Berlioz décadre sans cesse de la manière la plus inventive.

Présentée en léger différé par Arte, jeudi 31 janvier, cette représentation est également disponible sur Arte.tv. Si les excentricités apparentes de la mise en scène de Dmitri Tcherniakov dérangent certains – ce qui est plus que probable –, le son devrait suffire à l’enchantement. Renaud Machart

« Les Troyens », de Hector Berlioz. Avec Stéphanie d’Oustrac, Véronique Gens, Stéphane Degout, Ekaterina Semenchuk et Brandon Jovanovich, chœur et orchestre de l’Opéra de Paris, Philippe Jordan (direction). (France, 2019, 3 h 44, entr’acte avec entretiens avec les artistes compris). Disponible jusqu’au 1er mai sur Arte.tv

Derniers hommages à Michel Legrand

Michel Legrand, à Madrid, en 2005. / PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP

Une semaine après la disparition du compositeur Michel Legrand, plusieurs émissions qui lui sont consacrées sont encore disponibles en replay pour ceux qui n’ont pas pu voir ni entendre les différents hommages rendus le week-end dernier.

Arte vous propose de voir en replay (jusqu’à dimanche soir seulement) le documentaire Sans demi-mesure, réalisé en 2017 par Gregory Monro. L’occasion pour le musicien d’évoquer sa carrière, avec ses hauts et ses bas, mais aussi pour des cinéastes de tous âges – Damien Chazelle, Bertrand Tavernier, Xavier Beauvois – de rappeler son apport au 7e art.

Si vous manquez de temps, un épisode de l’émission « Blow up », consacré à Michel Legrand, est également disponible en replay jusqu’à la fin de l’année sur la même plate-forme.

Pas d’écran devant vous mais de bons écouteurs sur vos oreilles ? France Inter met à votre disposition un hommage d’une petite heure réalisé par Anna Sigalevitch, nourri d’entretiens et d’extraits de chansons de films.

Enfin, pour les passionnés qui ont du temps devant eux, France Musique propose de réécouter un grand entretien avec le compositeur en cinq épisodes. Ces cinq podcasts, d’environ trente minutes chacun, sont disponibles sur le site de France Musique et aussi sur iTunes). Audrey Fournier