Une exposition consacrée aux armes intitulée « Quarante ans de prouesses défensives » à Téhéran, le 2 février 2019. L’Iran a annoncé avoir testé « avec succès » un missile de croisière d’une portée supérieure à 1 350 km. / ATTA KENARE / AFP

L’Iran affirme avoir testé « avec succès » un missile de croisière d’une portée supérieure à 1 350 km, une annonce coïncidant avec le 40e anniversaire de la révolution islamique. « Il peut être prêt dans le plus court laps de temps possible et vole à très basse altitude », a précisé samedi 2 février le ministre de la défense iranien, Amir Hatami. Ce nouveau test risque de provoquer des critiques, principalement des Etats-Unis qui plaident pour une interdiction des tirs de missiles et de fusées spatiales par l’Iran.

Le ministre a qualifié le missile Hoveizeh de « réussite défensive » et de « bras de la République islamique d’Iran ». Ce missile sol-sol fait partie, selon lui, de la série de missiles de croisière Soumar dont les premiers modèles, d’une portée de 700 km, avaient été dévoilés en 2015.

D’après un rapport publié en 2017 par l’Institut international d’études stratégiques (IISS) de Londres, l’Iran développe une douzaine de types de missiles d’une portée de 200 à 2 000 km et pouvant emporter des charges de 450 à 1 200 kg. Ces programmes inquiètent les Occidentaux, qui accusent l’Iran de vouloir augmenter la portée de ses missiles et de déstabiliser le Moyen-Orient et tout particulièrement Israël, ennemi juré de Téhéran. L’Iran nie ces accusations et répète que ses programmes de missiles sont une question de sécurité nationale, qu’ils n’ont qu’un but défensif et que cette question n’est pas négociable.

« Pas de volonté » d’augmenter la portée des missiles

Aux termes de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), l’Iran ne doit mener « aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ». Occidentaux et Iraniens interprètent différemment ce paragraphe.

Mardi, l’amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale en Iran, a affirmé que son pays n’avait « aucune volonté » d’augmenter la portée de ses missiles. « Sur le plan scientifique ou opérationnel, rien n’empêche l’Iran d’augmenter la portée de ses missiles. Néanmoins, tout en s’efforçant constamment d’améliorer leur précision, sur la seule base de sa doctrine de défense, [l’Iran] n’a aucune volonté d’augmenter la portée de [ses] missiles », a-t-il dit.

Mi-janvier, après l’échec d’une tentative iranienne de placement d’un satellite sur orbite, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a accusé Téhéran de « provocation » et de chercher « à améliorer ses capacités balistiques qui menacent l’Europe et le Moyen-Orient ».

En décembre, les Etats-Unis avaient exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des mesures punitives contre l’Iran pour limiter son programme de missiles balistiques menaçant le Moyen-Orient et au-delà, mais la Russie ou la France avaient plutôt insisté en faveur de l’instauration d’un « dialogue » avec Téhéran. Washington a fait de l’Iran son ennemi numéro un et a adopté des sanctions économiques draconiennes après s’être retiré en 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien jugé trop laxiste par le président Donald Trump.