Olivier Faure, premier secretaire du Parti socialiste, le 17 janvier 2019 au nouveau siège du parti, à Ivry-sur-Seine. / NICOLAS NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Olivier Faure accélère. Après avoir dressé, mardi 29 janvier, un inventaire implacable du quinquennat Hollande en « ne laissant rien sous le tapis », le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a réuni, samedi 2 février à Paris, quelque 500 secrétaires de section pour lancer la bataille de l’union des forces de gauche en vue des élections européennes. L’enjeu est de taille pour un PS que les sondages hissent tant bien que mal entre 5 et 6 % des voix pour le scrutin de mai.

Dans la grande salle de l’Espace Charenton (dans le 12e arrondissement), les cadres locaux du parti se sont vu dessiner une feuille de route qui leur donnait l’impression que leur famille politique était de retour. « Je vous propose quelque chose de très simple : on va jusqu’au bout de la recherche de l’union », leur a lancé leur patron après avoir loué le rôle des militants qui « ont maintenu les braises de l’espérance ». Il s’est lancé dans un discours à gauche toute, affirmant vouloir « faire le pari de l’humain ». Un slogan qui ressemble beaucoup à celui du Front de gauche de 2012, « l’humain d’abord ».

Le député de Seine-et-Marne a évoqué les critiques à l’égard de son « devoir d’inventaire » : « Cela a pu apparaître trop sévère, mais la sévérité est celle que nous ont infligée les Français. Je voulais leur dire que nous avons compris », a-t-il rappelé, très applaudi. Dans la salle, les cadres, nombreux à se sentir encore rejetés par les électeurs, acquiescent. Ils veulent pouvoir retourner sur les marchés, auprès des électeurs, sans se faire bouder comme ils l’ont été depuis la défaite en rase campagne du premier tour de la présidentielle de 2017. « L’inventaire, c’était réclamé par les militants et cela permet de tourner la page », résumait ainsi Cécile Panassac, secrétaire de section adjointe de Maisons-Alfort (Val-de-Marne).

Aller « au bout de la recherche de l’union »

Après l’humilité, la main tendue. Pour se tourner vers l’avenir, et d’abord la première échéance pleine de péril que sont les élections européennes, le patron du PS a affirmé sa nouvelle ligne de conduite : l’union pour éviter « le risque groupusculaire » à gauche. Face à un Emmanuel Macron qui a déjà dessiné son objectif d’opposer les progressistes aux extrêmes – « toujours le même clivage, lui ou le chaos », dit M. Faure –, le PS veut aller « au bout de la recherche de l’union ». Une plate-forme de « dix combats communs » a été mise au point avec Place publique – le mouvement lancé par plusieurs personnalités de la société civile dont l’essayiste Raphaël Glucksmann –, et doit être prochainement envoyée aux militants comme matériel de campagne.

Le numéro un du PS se donne jusqu’à la mi-mars pour convaincre d’autres forces de gauche de s’unir. Et d’avertir en interpellant Yannick Jadot (tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts) et Benoît Hamon (leader de Génération.s) : « La défaite n’est pas de tomber mais de ne pas se relever. » Si le PS n’arrive pas à faire liste commune, « si les calculs de boutique prennent le dessus », Olivier Faure sera alors candidat pour les européennes sous les seules couleurs du PS.

Dans la salle, les amis de Stéphane Le Foll avaient du mal à cacher leur agacement contre ce contournement des instances de décision qu’est le conseil national, seul apte, selon eux, à valider la nouvelle stratégie électorale. « L’union ne peut être une fin en soi, surtout derrière un mouvement exclusivement parisien. Le PS pèse plus que d’autres. Il faut un vote », tempêtait ainsi Ségolène Neuville, ancienne secrétaire d’Etat de François Hollande.

Pas sûr que l’invocation du respect des procédures fonctionne dans un parti de grands blessés. « Sur le terrain, on commence à ressentir un peu d’optimisme. L’effacement est secondaire face à l’union des forces de gauche », souligne Laurent Riberolles, secrétaire « lefolliste » de la section de Biarritz. Même soutien de la part de Sophie Gilbert, venue d’une petite commune du Tarn : « Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que faire avancer les idées de gauche ne passera que par la gauche unie. » Reste à convaincre les chefs de file d’EELV, du PCF, ou de Génération.s… qui semblent déjà bien partis chacun de leur côté.