Les gens placent des bougies sur les marches de la cathédrale de Sao Paulo, au Brésil, le vendredi 1er février 2019. Une semaine après l’effondrement d’un barrage minier dans l’État brésilien du Minas Gerais, des dizaines de personnes ont rendu hommage vendredi aux victimes de cette tragédie. / VICTOR R. CAIVANO / AP

Une semaine après la rupture d’un barrage à Brumadinho (Sud-Est du Brésil), vendredi 25 janvier, le bilan est passé à 115 morts et 248 disparus, ont annoncé les autorités. Seuls « 71 corps [ont été] identifiés » à l’heure actuelle, a déclaré Flavio Godinho, lieutenant-colonel de la Défense civile, qui coordonne les secours dans le Minas Gerais, un grand Etat minier du sud-est du pays.

Les télévisions locales ont diffusé ce vendredi une impressionnante série d’images filmées par les caméras de sécurité montrant le moment exact de la rupture du barrage. Les secours (policiers et pompiers) détiennent ces vidéos depuis le jour de la tragédie, mais avaient décidé de ne pas les divulguer afin de « ne pas provoquer de panique généralisée dans la population » dans les heures suivantes, a affirmé Pedro Aihara, le porte-parole des pompiers du Minas Gerais.

Une tragédie semblable il y a 3 ans

Les images leur ont servi pour analyser la trajectoire des résidus et mieux déterminer les aires de recherches. Au début de la catastrophe, la marée de boue a pu atteindre une vitesse de 70 ou 80 km/h, a-t-il précisé.

La majorité des morts et disparus travaillaient dans la mine Corrego do Feijao appartenant au groupe Vale, et beaucoup étaient en train de déjeuner dans la cantine d’entreprise, une des premières structures touchées par la boue.

La catastrophe, qui s’est produite à proximité de la ville de Brumadinho (39 000 habitants), à 60 km de la capitale régionale Belo Horizonte, a eu lieu seulement trois ans après une tragédie similaire dans les environs, à la mine de Samarco (joint-venture de Vale et de l’australien BHP). Le désastre de 2015 avait touché la ville de Mariana, avec un nombre de morts (19) moins élevé qu’à Brumadinho. Il avait cependant ravagé l’écosystème local, devenant la pire catastrophe environnementale de l’histoire du Brésil.

Barrages effondrés au Brésil : des catastrophes à répétition
Durée : 02:15

Contaminations : sept reportages dans des zones souillées à tout jamais

Depuis dix mois, Le Monde s’est associé au photographe Samuel Bollendorff pour explorer et rendre compte d’une réalité à peine imaginable. Des zones entières du globe, des villes, des forêts, des lacs, des océans, sont devenues impropres au développement humain, souillées à tout jamais, peut-être le prélude à notre monde de demain. Ces territoires se situent majoritairement dans les pays qui ont vu naître l’industrialisation.

Sept journalistes se sont succédé d’Anniston aux États-Unis à Dzerjinsk en Russie, de Fort Chipewayn au Canada, à Regencia au Brésil, de Fukushima au Japon à « la terre des feux » à côté de Naples, jusqu’au grand gyre du Pacifique. Ils ont enquêté sur ces millions de kilomètres carrés contaminés aux produits chimiques, aux hydrocarbures, à la radioactivité. Et ont découvert des paysages dévastés ainsi que des populations rongées par un mal invisible, le lent poison qui s’est infiltré dans leur environnement, avec l’assentiment des autorités. Leurs reportages ont été rassemblés dans une série baptisée « Contaminations », que nous publions du 1er au 8 septembre en sept volets.

Au premier abord, dans les images, tout semble paisible, harmonieux, rassurant : une mer calme, une forêt éclairée par une lumière douce… Mais derrière cette séduction apparente, la réalité est toxique. Car la contamination est bien souvent invisible à l’œil nu. Et c’est tout l’intérêt de cette démarche photographique : elle donne l’illusion de la beauté bucolique à l’endroit même où la nature est empoisonnée. Le travail photographique de Samuel Bollendorff est aussi exposé à Visa pour l’image, le festival international du photojournalisme à Perpignan, du 1er au 16 septembre.

Retrouvez nos reportages :

  1. A Anniston, les fantômes de Monsanto
  2. En Russie, les stigmates de Dzerjinsk, ex-capitale soviétique de l’industrie chimique
  3. Au Brésil, la boue toxique a tué le fleuve Rio Doce
  4. Au Japon, les enfances volées de Fukushima après la catastrophe nucléaire
  5. Au Canada, troisième réserve pétrolière mondiale, le poison de l’or noir de l’Alberta
  6. A Naples, les damnés de la « Terre des feux »
  7. L’océan Pacifique, cimetière de milliards de microplastiques