La cité des sciences et de l’innovation, située dans l’ancien siège de la compagnie maritime SNCM, à Marseille. / Cité des science et de l'innovation

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Le bâtiment, ancien siège de la compagnie maritime SNCM, est somptueux. Trois étages Art déco, toit-terrasse et vue sur le port de Marseille. Un cadre prestigieux à la hauteur de l’ambition affichée par la nouvelle Cité de l’innovation et des savoirs d’Aix-Marseille (Cisam). Une structure sans équivalent dans le paysage universitaire français, pensée et financée par Aix-Marseille Université (AMU). Dans le but, explique son président, Yvon Berland, d’« affirmer la position de l’université et de ses chercheurs comme acteurs de l’innovation et du développement économique sur leur territoire ». La Cisam sera officiellement inaugurée le 13 mars, mais ses trois plateaux, 2 800 m2 entièrement rénovés, accueillent déjà, depuis fin août 2018, près de 80 personnes.

Au rez-de-chaussée du Castel, nom de code du bâtiment, l’accélérateur d’entreprises M de la métropole Aix-Marseille-Provence et un bureau de la French Tech, dispositif de soutien aux start-up numériques labellisé par le gouvernement, font face aux 450 m2 gérés par AMU. Le premier étage est occupé par Zebox, incubateur et accélérateur d’entreprises imaginé et piloté par l’armateur CMA-CGM, dont le siège est proche. Au second, dans une ambiance bois et verdure, L’Occitane a ouvert Obratori, son « start-up studio », consacré aux innovations en matière de santé, bien-être et cosmétiques.

« Un lieu totem »

« La Cisam est dédiée à la valorisation et à l’innovation. La valorisation, c’est la traduction en débouchés économiques de la recherche appliquée. L’innovation, elle, provient plutôt de la recherche fondamentale. Dans les deux domaines, nous pensions être les plus légitimes pour avoir un rôle moteur car ce sont nos laboratoires qui inventent », explique Eric Berton, vice-président d’AMU, qui pilote la Cisam depuis l’origine. « L’idée était de créer un lieu totem pour réunir les structures œuvrant à la valorisation du travail des chercheurs et offrir un guichet unique aux industriels souhaitant nous soumettre leurs besoins », poursuit-il.

L’objectif est respecté. Même si le parcours n’est pas encore clairement signalisé, un entrepreneur reçoit, en entrant au Castel, la promesse d’être accompagné sur l’ensemble de son projet. Dans l’open space immaculé d’AMU se succèdent bureaux et compétences jusqu’alors éclatés. Direction de la valorisation, qui récolte les 100 à 130 déclarations d’invention annuelles des chercheurs ; Société d’accélération du transfert de technologies Sud-Est (SATT) , qui pilote chercheurs et entrepreneurs jusqu’aux licences d’exploitation ; Protisvalor, gestionnaire des contractualisations entre laboratoires et industriels…

« On va organiser pour l’industriel le bon rendez-vous avec un chercheur motivé pour travailler avec le privé, dans la bonne thématique », résume Charlie Barla, chargé de mission innovation à la Société d’accélération du transfert de technologies Sud-Est et professeur à AMU.

Des banques, mais aussi les représentations des incubateurs institutionnels et des pôles de compétitivité du territoire complètent le parcours. Enfin, l’Institut Carnot Star, qui fédère huit laboratoires spécialisés dans le sport, le bien-être et la santé ayant, en 2017, généré 3 millions d’euros de contrats privés, partage les lieux. « On va organiser pour l’industriel le bon rendez-vous avec un chercheur motivé pour travailler avec le privé, dans la bonne thématique, résume Charlie Barla, chargé de mission innovation à la SATT et professeur à AMU. Jusqu’alors, une contractualisation avec un laboratoire pouvait prendre un an et demi. A terme, on espère y arriver en six mois. » Un partenariat avec Provence Promotion, l’agence de promotion économique de la métropole, permet de proposer le parcours du Castel à des industriels venus d’ailleurs. Des visites de Danone, mais aussi d’investisseurs britanniques en quête d’horizons post-Brexit, sont programmées.

« Une recherche de très haut niveau »

Le « lieu totem » d’AMU et son implantation en plein cœur d’Euroméditerranée, opération publique qui métamorphose l’arrière-port marseillais, ont éveillé l’intérêt d’autres partenaires. En décidant d’occuper chacun un étage du Castel, Obratori et Zebox ont donné de l’amplitude au projet. Et multiplient les occasions de collaboration pour les chercheurs du territoire. « Il y a sur ce territoire une recherche de très haut niveau, notamment en intelligence artificielle, qui nous intéresse fortement », confirme Matthieu Somekh, qui, avant de diriger Zebox, pilotait le pôle entrepreneuriat et innovation de l’Ecole polytechnique. Au dernier étage, Amaury Godron, directeur général d’Obratori, ne dit pas autre chose. « Nous avons recensé dix-huit centres de recherche qui nous intéressent sur le territoire d’AMU. Une richesse qui nous avait totalement échappé auparavant, alors que notre principale usine est située à Manosque, à une heure d’ici », s’étonne-t-il.

La présence de ces partenaires privés et de la métropole, partenaire public, permet aussi à AMU d’alléger le poids de son investissement. Eric Berton chiffre la perte à 70 000 euros pour l’année de lancement. « Mais nous en sommes déjà à valoriser notre investissement », assure Yvon Berland, qui rappelle que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur soutient également le projet à hauteur de 150 000 euros.

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L’enseignement supérieur à Marseille

109 192 étudiants étaient inscrits en 2017-2018 dans les différents cursus de formation supérieure de l’académie Aix-Marseille. Sur ce chiffre, Aix-Marseille Université (AMU), résultante de la fusion en 2012 des trois grandes universités provençales, en attire à elle seule plus de la moitié, presque également répartie entre les deux villes. Avignon Université (AU), avec 7 200 étudiants, complète l’offre dans le Vaucluse, au nord de l’académie.

14 % des bacheliers suivent, eux, les filières post-bac des lycées. Près de 90 établissements proposent des sections de techniciens supérieurs (STS), en majorité orientées vers des spécialités du secteur tertiaire. Les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), elles, sont implantées à Marseille et à Aix, bien sûr, mais également à Avignon, Gap et Salon-de-Provence.

Près de 20 000 étudiants fréquentent les grandes écoles du territoire. Centrale Marseille, l’IEP d’Aix-en-Provence, l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers, Kedge Business School, mais aussi l’Ecole nationale supérieure maritime, l’Ecole des mines sur le site de Gardanne, l’Ecole de l’air à Salon-de-Provence, ou encore l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles.