La vieille ville de Mossoul, où s’était réfugié un dernier carré de djihadistes dont des Français, à la fin de la bataille pour la reprise de la ville, le 11 juillet 2017. / Felipe Dana / AP

Alors que se poursuit la polémique sur la perspective d’un rapatriement des djihadistes français détenus par les forces à dominante kurde du nord-est syrien et de leurs familles présentes sur place, Bruno Vinay, un avocat mis en examen pour financement du terrorisme a été suspendu par le conseil de l’ordre. Me Vinay a été relevé provisoirement de l’exercice de ses fonctions sur demande des juges d’instructions d’après un communiqué de ses avocats, Emmanuel Daoud et Laure Heinich, consulté dimanche 3 février par l’Agence France-Presse (AFP).

L’affaire remonte à juin 2017. Me Vinay, qui a notamment défendu des djihadistes français partis rejoindre le groupe Etat islamique (EI), est soupçonné d’avoir à cette péridoe versé de l’argent à un intermédiaire censé exfiltrer un djihadiste français hors des zones tenues par l’Etat islamique en Irak. Selon une source proche du dossier citée par l’AFP, il s’agit de Maximilien Thibaut, un homme originaire de la région parisienne et époux de Mélina Boughedir, une jeune Française condamnée en juin 2018 à Bagdad à la perpétuité pour avoir rejoint l’EI.

Des diplomates français informés

Reclus avec sa femme et ses enfants à Mossoul, en Irak, il disait être un repenti de l’EI et « exprimait la volonté de se rendre aux autorités irakiennes, pour être jugé, en France ou en Irak » selon le communiqué des avocats de Me Vinay. Ces derniers indiquent également que Me Vinay était « en contact avec deux journalistes françaises qui proposaient de mettre leur réseau à son service, notamment leur fixeur du côté irakien ». Il aurait informé le parquet antiterroriste, des diplomates français en Irak et le magistrat de liaison de cette volonté de reddition, des courriers restés sans réponse.

L’avocat « reconnaît avoir remis une somme d’argent directement en Allemagne à un contact du fixeur », poursuit le communiqué, qui souligne que « l’argent qui n’était évidemment pas destiné à l’EI, ne pouvait en aucune manière lui bénéficier, ayant précisément été remis à l’armée irakienne ». Mais « l’homme n’a pas été sauvé, il est mort dans la ville assiégée ». Début juillet 2017, la vieille ville de Mossoul avait été le dernier refuge de nombre de combattants djihadistes accompagnés de leur famille, dont des étrangers.

20 000 euros collectés dans l’entourage du djihadiste

Selon la source proche du dossier citée par l’AFP, le versement litigieux porte sur une somme de 20 000 euros collectés auprès de l’entourage du djihadiste. Ces soupçons sur des transferts d’argent à destination de la zone irako-syrienne étaient apparus dans une information judiciaire ouverte en 2017 pour « financement du terrorisme » et « abus de confiance en relation avec une entreprise terroriste », selon une autre source proche du dossier. En septembre, l’une des journalistes citées dans le communiqué, spécialiste des affaires de djihadisme, avait été placée en garde à vue à la DGSI avant d’être remise en liberté sans faire l’objet de poursuites.