Le pape François sourit à son arrivée à l’aéroport international d’Abou Dhabi, dans la capitale des Émirats arabes unis, le 3 février 2019. / ANDREW MEDICHINI / AFP

Le pape François est arrivé dimanche 3 février aux Emirats arabes unis pour une visite historique. L’avion du souverain pontife a atterri à Abou Dhabi, peu avant 19 heures (heure de Paris). Le pape François est ainsi devenu le premier chef de l’Eglise catholique à fouler le sol de la péninsule arabique, berceau de l’islam.

Avant de se rendre aux Emirats, le pape avait pressé les parties impliquées dans le conflit au Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, de « favoriser de manière urgente le respect des accords » pour une trêve à Hodeida (ouest), essentielle à l’acheminement de l’aide internationale :

« Je suis avec grande préoccupation la crise humanitaire au Yémen. La population est épuisée par le long conflit et de très nombreux enfants souffrent de la faim. Le cri de ces enfants et de leurs parents monte devant Dieu. »

Une visite qui doit être dominée par le dialogue interreligieux

Le pape argentin a également posté un message sur Twitter, affirmant se rendre aux Emirats « comme un frère pour écrire ensemble une page de dialogue et parcourir ensemble les chemins de paix. Priez pour moi ! ».

Dans l’avion, le pape a dit avoir appris qu’il pleuvait à Abou Dhabi. « Dans ces pays, ceci est perçu comme un signe de bénédiction », a-t-il souligné. Sa visite doit être dominée par le dialogue entre les religions et une rencontre interreligieuse internationale est prévue lundi.

Dimanche, des fidèles se sont pressés sous une pluie inhabituelle aux abords de la cathédrale Saint-Joseph d’Abou Dhabi, décorée aux couleurs du Vatican et des Emirats, pour obtenir les derniers billets de la messe papale de mardi, présentée comme le plus grand rassemblement dans le pays, avec plus de 130 000 fidèles. Le père Elie Hachem, qui officie à la Cathédrale, n’avait que le mot « historique » à la bouche. Le pape vient avec « un message de paix », a-t-il dit.

La répression des opposants

Environ un million de catholiques, des travailleurs asiatiques pour la plupart, vivent aux Emirats, pays dont la population est composée à plus de 85 % d’expatriés et où ils peuvent pratiquer leur religion dans huit églises. Les Emirats ont toujours cherché à projeter l’image d’un pays ouvert et tolérant, même si ce pays pratique une politique de « tolérance zéro » à l’égard de toute dissidence et notamment celle des adeptes de l’islam politique incarné par les Frères musulmans.

Après Amnesty International, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé le pape François à soulever lors de sa visite la question des violations des droits humains au Yémen, où les forces émiraties interviennent militairement aux côtés de l’Arabie saoudite, et celle de la répression des opposants aux Emirats. « En dépit de ses affirmations sur la tolérance, le gouvernement émirati n’a montré aucun intérêt réel pour améliorer son bilan », fait savoir Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord.

Au Yémen, une trêve entre le pouvoir soutenu par Ryad et Abou Dhabi, et les rebelles appuyés par l’Iran, a été difficilement obtenue par l’ONU en décembre. Elle s’applique à la ville portuaire de Hodeida, par où transite l’essentiel des importations et de l’aide humanitaire. Cette trêve a été saluée comme la meilleure chance pour le Yémen de mettre fin à une guerre qui dure depuis quatre ans, mais semble ne tenir qu’à un fil.

Depuis le début de son pontificat, le pape s’est rendu à plusieurs reprises dans des pays dont la population est majoritairement musulmane, comme l’Egypte, l’Azerbaïdjan, le Bangladesh et la Turquie. En mars, il est attendu au Maroc. Il s’agit au total du 27e voyage de ce pape à l’étranger.