Le parquet de Marseille, qui avait ouvert une information judiciaire pour « blessures involontaires » dans le volet pénal du dossier du Levothyrox, l’a élargie à « homicide involontaire », a indiqué, lundi 4 février, le procureur de la République de Marseille à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information du Parisien.

L’information judiciaire confiée au pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille avait été ouverte contre X le 2 mars 2018 pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger de la vie d’autrui, pour enquêter sur les plaintes de milliers de malades de la thyroïde victimes d’effets secondaires de la nouvelle formule du médicament. Le 30 novembre, le parquet a pris un réquisitoire supplétif du chef « d’homicide involontaire », a indiqué le procureur de la République, Xavier Tarabeux.

« Cette étape judiciaire constitue une étape normale de la procédure, dès lors que des plaintes invoquent ce motif », a réagi le laboratoire allemand Merck dans un communiqué. « Aucune conclusion ne peut être tirée de ce réquisitoire supplétif : je suis confiant dans la démonstration qui pourra être faite, à terme, d’absence d’infraction commise par Merck », a souligné l’avocat du laboratoire, Me Mario-Pierre Stasi.

Défaut d’information et préjudice d’angoisse

Selon Merck, « les conclusions des rapports de pharmacovigilance publiés en 2018 indiquent clairement qu’il n’y a pas de lien établi entre les cas signalés de décès dans la base de données de pharmacovigilance et la nouvelle formule du Levothyrox ».

Trois millions de patients prennent du Levothyrox en France, pour soigner l’hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde. En 2012, une nouvelle formule du médicament avait été réclamée par l’Agence du médicament (ANSM) au laboratoire Merck, afin de rendre le produit plus stable dans le temps. Arrivée sur le marché fin mars 2017, celle-ci ne portait pas sur le principe actif du médicament, mais seulement sur les excipients.

Une pétition pour réclamer le retour de l’ancienne formule avait rassemblé plus de 170 000 signatures début septembre. La comédienne Anny Duperey, une des patientes à avoir porté plainte, avait, elle, adressé une lettre ouverte à la ministre de la santé, Agnès Buzyn.

Face à l’ampleur du mouvement, Mme Buzyn a annoncé, le 15 septembre, que l’ancienne formule du médicament serait à nouveau disponible. Dès novembre, Merck avait cependant précisé que l’ancienne formule, l’Euthyrox, seulement disponible au compte-gouttes, ne serait plus distribuée en France au-delà de 2018.

Dans le volet civil du dossier, une action collective a été engagée contre le laboratoire Merck, pour défaut d’information et préjudice d’angoisse. Le procès a eu lieu à Lyon en décembre. Le délibéré doit être rendu le 5 mars.